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Pierre Digan (1941-2016)


Céramiste, sculpteur et éditeur français.

Le parcours de Pierre Digan témoigne de son énergie débordante pour rebondir dans la société en mutation de Trente Glorieuses. Si l’homme imposant par sa taille a été un des acteurs incontournables de la Borne dans le renouveau du grès, il a été aussi un sculpteur au grand cœur, désireux de partager et transmettre sa passion de l’art aux jeunes générations. 
Né en 1941, d’un père pharmacien guadeloupéen et d’une mère du massif morvandiau, Pierre Digan fait des études (1956-1959) auprès du céramiste sculpteur Michel Lucotte,  à l’Ecole des Arts Appliqués de Beaune. Puis il fait des passage dans différents ateliers du Midi et à Vallauris, avant d'installer un atelier de grès à La Borne, en juin 1960.

pierre digan
De 1960 à 1979 : La Borne, le grès 
Lauréat du prix de la fondation de la vocation avec son épouse Barbara Delfosse (1965), il réalise de grandes sculptures et une production en grès pyrité émaillé.
Dès 1967, il trouve une clientèle professionnelle en France et à l’étranger en participant aux salons des Ateliers d’Art de France présidés par Jacques Blin. Ainsi son entreprise ‘Digan Grès’ prospère et emploie jusqu’à cinquante personnes, en passant de la commande des boutiques de cadeau, de l’extraction de l’argile à la livraison de poterie. De qualité, simple, sobre et élégante avec une touche de modernité, la production essentiellement utilitaire est composée de services de table, d'objets utilitaires pour le foyer ( lampes, claustras, revêtements muraux et pour le sol). 
Le grès est la tendance aussi bien en France qu’en Europe. Les années 1960 à 1980 ont bénéficié de l’aide accordé par l’Etat du "1% à la construction" pour décorer les édifices publics. Ce qui explique l’essor de la céramique murale, la mosaïque et la sculpture pour décorer les édifices publics. Cet encouragement pour l’art a profité à Pierre Digan (décoration des sols et façades la Sacem, l’agence Publicis, Air Inter, etc.) et  d’autres comme Albert Vallet, Roger Capron, Jean-Paul van Lith, Jean Derval, Bernard Dejonghe, Jean-Pierre Viot, Victor Anicet, Andrée et Michel Hirlet, le Groupe de l'oeuf.
En 1973, Barbara Delfosse reprend son indépendance.

La potière anglaise, émailleuse, formatrice et organisatrice, Janet Stedman secondera Pierre Digan, son compagnon (devenu son mari en 1970), dans l’aventure du grès de 1968 (1967 selon les sources) à 1978. 

Entre 1967 et 1979, près de deux cents stagiaires et tourneurs sont passés dans les ateliers Digan, et nombreux s’installeront par la suite à leur compte comme Eric Astoul, Bernard Dal Magro, Nadia Pasquer pour ne citer qu’eux. 

En 1977, Pierre Digan devient cofondateur du premium symposium international de céramique de la Borne
Fin des années 70, le grès ne fait plus recette, l’entreprise ‘Digan Grès’ est cédée en 1979. 

Eléments pour Claustra (pièces présentées au musée le Totem à la Borne - Aout 2023) 
PIerre Digan - Element Claustra
PIerre Digan - Element Claustra
PIerre Digan - Element Claustra
Pierre Digan - Element Claustra

Les années 80-90 : La sculpture monumentale  
Il est temps de quitter le pays de la terre, de passer à autre chose, à une nouvelle vie, à un nouveau lieu. 

C’est dans le Limousin, pays de pierres, que Pierre Digan choisit de s’installer pour se consacrer à la sculpture simple et architecturale avec des œuvres destinées aux commandes de sa région, en pierre, granit, marbre, métal ou bois. 
En 1983, il est cofondateur du Symposium de sculptures de l'île de Vassivière, prélude à la création du Centre d'art et de l'île aux sculptures. 

Lors d'un voyage aux Etats-Unis, en 1986, il a réalisé des sculptures pour Rock of age dans le Vermont, et 1988, il signe un bureau sculpture à Philadelphie.
Sa route continue. 

En 1993, il s’installe avec Noelle sa nouvelle épouse, dans le Lot, au domaine de Lavergne, qui sert aussi de résidence d’artistes et de lieu de vie pour les jeunes. Cette activité annexe assure au sculpteur un complément de revenus. 

  • pierre digan la borne

  • Les années 2000 - 2016, retour à la terre et mémoires écrites.

    Mais, l’appel de la terre refait surface et en parallèle de la pierre, en 2005, Pierre s’essaie au raku, à la porcelaine (production d’urnes funéraires) et à la faïence. Il ouvre en 2007 un atelier galerie à Vallauris.

    En 2010, à Limoges, il ouvre la galerie Obia (anciennement Galerie de l’Enfer créée en 2003), espace artistique dédié aux créateurs de la jeune génération.

    En bon vivant (car il a aussi ouvert un restaurant, transformé ensuite en gites pour artistes), dans la joie et la bonne humeur, avec souvent une volonté provocatrice, l’homme est aussi éditeur, citons : ‘Poterie usuelle contemporaine’, l'ouvrage d’art recensant les chefs d’œuvre de la céramique érotique intitulé ‘Céramistes mal élevés’, ‘Murs et masques céramiques’ , ‘Animaux céramiques’, et la revue Obia. 
    pierre digan
    pierre digan

    L’artiste s’éteint brutalement le 26 janvier 2016.

    « Je ne crois à rien et tous les matins je constate que je suis encore en vie. Je vis au jour le jour, dans une incertitude totale. Ce qui pousse, je crois, à faire des choses durables ».

    Texte & Photos  © Christine Lavenu  (crée le 26.07/ 2022, maj le 19/08/2023)
    Sources, pour voir et en savoir plus :
    Musée le TOTEM, la Borne, Août 2023
    Nicole Crestou et Yseult Digan, Janet Stedman, potière 1945-1987, 1978
    Revue de la céramique et du verre, n°22, 40, 118
    Association des potiers de la Borne, La Borne, un village de potiers, juin1987
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