Céramiste anglaise, figure emblématique du renouveau du grès à la Borne.
‘Mon ambition est d’utiliser les techniques traditionnelles de tournage au service de la création de pièces personnelles dans une recherche sur la forme et la fonction .’
Citation extraite de l'ouvrage Janet Stedman, potière 1945-1987, par Nicole Crestou et Yseult Digan.
Une solide formation artistique et technique
Née en Angleterre en 1945, Janet Stedman
étudie dans une école de Beaux-Arts, puis en 1964 et durant deux années, elle se forme à la poterie à Harrow Art School
(UK) tout comme son amie Christine Pedley.
Elle poursuit sa formation de tournage chez Philippe Lambercy
durant l’été 1966, dont les travaux de recherche visent à libérer la céramique de sa fonction utilitaire, en s’attachant à développer la forme et le volume.
Après un stage chez Jean-Claude de Crousaz
avec son amie Christine Pedley, elle visite le village de potiers de la Borne avant de repartir en Angleterre pour se perfectionner durant six mois au tournage et s’initier au décor chez David Eeles.
L’expérience du Grès avec Pierre Digan
Attirée par l’état d’esprit de la Borne, en 1967, Janet Stedman est embauchée dans les atelier Digan-Grès qui produisent des pièces fonctionnelles et contemporaines rompant avec le rustique traditionnel. Symbole d’un retour à la terre, tout le monde veut du ‘grès’ : la mode est au grès dans les années 70, en France mais aussi à l’international. En 1970, Janet et Pierre Digan
se marient, deux enfants naissent en 1972 puis en 1975.
A l’atelier, Janet commence par tourner de petites pièces, puis l’année suivante, des pièces de plus en plus grandes. Devenue experte en tournage, elle forme les employés et les stagiaires au métier tout en s’investissant dans le travail des émaux.
Le succès est au rendez-vous de 1973 à 1979 : l’atelier Digan-Grès devient une entreprise employant jusqu’à 45 personnes. Aux fours à bois s’ajoutent deux fours à gaz pour répondre à l’afflux des commandes. L’aventure du grès s’arrête avec la crise économique de 1979 (conséquence du second choc pétrolier) : le grès n’est plus à la mode, les ventes chutent, Pierre Digan quitte la Borne mais Janet restera dans le village.
Une production personnelle dès 1976
En parallèle des ateliers Digan-Grès, Janet commence une production personnelle dès 1976 dans un atelier voisin (aujourd’hui le Totem), expérimentant des matières comme la porcelaine, des formes et des émaux nouveaux. Si elle aime le tournage, elle ressent le besoin de créer son propre style et de s’affranchir de la production série et des contraintes presque industrielles de l’époque Digan.
D'après ses croquis, elle tourne avec énergie et vigueur des pièces ( bouteilles, vases longilignes, jarres, épis de faitage, terrines, soupières, pichets…), dont le décor est calligraphié et parfois scarifié. Elle est reconnue comme ‘la maitresse dans le tournage de grandes pièces.’
Papier d'atelier, répertoire de cuisson, Noel 85. Photo Prosper - Revue de la céramique et du verre - n°40
Après le départ de Pierre Digan, en 1980, Janet Stedman s’installe avec Dominique Garet
dans l’ancienne grange d’Elisabeth Joulia. La production utilitaire de Janet est souvent émaillée bleu. En 1981 à Paris l’exposition intitulée ‘Les bleus de Janet Stedman’
(galerie ‘La tuile à loup’ présente son travail. Les pièces sont unies ou décorées de bestiaire (oiseaux, têtes de vaches …) ou de végétaux (fleurs, feuilles …).
Des animaux modelés trouvent place sur les terrines, les soupières, les épis de faitages et les tuiles faîtières : ces deux derniers sont présentés en 1982 dans l’exposition ‘La céramique sur les toits : festival d’épis de faîtage’
à Cluny, Treigny, Châteauroux et Limoges …
En 1987, l’expérience de décor avec des colorants industriels rapportés d’Angleterre, sur des jarres pour l’exposition collective ‘Le pot et le vin’
de Bois-Plain organisée par Jacques Hadorn
et Catherine Vanier
n’a pas eu le succès attendu par Janet, le public étant trop attaché aux bleus de son œuvre et à la tradition. Par la suite, toujours créative, Janet innove à renouveler les formes et les décors, mais elle décède accidentellement cette même année.
Investie dans la vie association de la Borne, Janet Stedman a présidé l’association des potiers de la Borne en 1983 et 1984.
Elle a participé activement aux grandes cuissons (notamment dans le vieux four Foucher-Bernon) : citons le premium symposium international de céramique de juillet 1977 à la Borne, co-organisé par Alain Girel, Jeanne Grand-Pierre, Jean-Pierre Viot, Michel Lévêque, Jean Linard, Pierre Digan
et elle même. Son expérience en tant que chef de fabrication dans les ateliers Digan lui a permis de gérer la logistique de cet évènement et du symposium suivant en 1978.
Citons aussi la cuisson de 1979, avec Evelyne Porret
et Michel Pastore, pour les grandes pièces tournées.
De 1976 à 1986, Janet Stedman a participé à de nombreuses expositions en France et à l’étranger ( UK, Allemagne RFA).
Des hommages à son œuvre de céramiste ont été organisés par le centre de la céramique de la Borne en 1988 et 2008 et le château de Treigny en 1988.
Le Totem, musée galerie à la Borne présente son travail.
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