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Odette Lepeltier (1914 - 2006)

Céramiste, sculptrice et décoratrice française d’après-guerre.

Si les grandes figures féminines de la céramique du XXe siècle, comme Guidette Carbonell et Colette Guéden sont connues du public, l’œuvre d’Odette Lepeltier est moins répandue, tout comme celle de Denise Picard. Pourtant ces femmes ont contribué au renouveau de la céramique de l’après-guerre, en apportant chacune leur touche de modernité. 
Pour Odette, c'est une ode à la féminité, imprégnée de couleur et de nature.
Née en 1914 à Paris, Odette Pouget (Lepeltier) étudie la peinture et la sculpture à l’école des Beaux-Arts de Paris, au sein de l’atelier du peintre Paul-Albert Laurens. Elle y rencontre en 1934 le jeune Robert Lepeltier, lui aussi étudiant, qu’elle épousera en 1938.
Les premiers pas : la céramique utilitaire

Rapidement, son art s’oriente sur la céramique sculpture. En 1937 et 1938, elle travaille la terre avec la céramiste décoratrice Colette Guéden, qui dirige alors Primavera, l’atelier d’art des magasins du Printemps. Sous les conseils et le soutien du céramiste engagé Marcel Guillot (1910-1985) qui l’aide à l’émaillage, Odette ouvre son propre atelier de travail à la Varenne Saint Hilaire. Elle y produit des pièces décoratives en terre cuite, puis en faïence cuite au four électrique, comme des appliques murales, bougeoirs, vases, assiettes, et ceci dans l’esprit de l’art populaire des années 40. 

La qualité du travail d’Odette lui ouvre les portes aux expositions du Salon des Artistes Décorateurs en 38 et du Salon de l’Imagerie en 42. 
Céramique et affiches publicitaires

Durant la seconde guerre mondiale, alors que son mari est prisonnier, Odette réalise des pièces en céramique émaillée et les expose dans les différents salons parisiens, comme le Salon de l’Imagerie. 

En 1941-42, elle dessine des affiches publicitaires pour décorer les vitrines des Grandes Galeries, comme le Printemps, les Galeries Layettes et la Samaritaine. Elle crée aussi des bougeoirs pour la maison Christofle. En 1942, elle reçoit les premières commandes de fontaine et bas-reliefs des décorateurs André Arbus (1903-1969) et Rémy Hétreau (1913-2001).
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 Le succès des expositions 

Le succès est au rendez-vous, ce qui l’incite à ouvrir en 1943 un magasin de décoration, nommée ‘Daphné‘, 198 rue Rivoli à Paris. 

Elle y présente son travail et celui d’autres artistes contemporains comme Georges Jouve (1910-1964), les Quatre potiers, Alexandre Noll (1890-1970), Louise-Edmée Chevalier (1906-2003) ou encore Jean Austruy (1910-2012). 
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La boutique fonctionnera jusqu’en 1962.

Après la libération, son mari Robert reprend son activité de peintre tout en travaillant comme restaurateur d’œuvres d’art pour le musée du Louvre.

En parallèle de sa vie de mère (naissance des deux enfants Isabelle en 45 et Pierre en 47), Odette sculpte des céramiques sur la thématique de la féminité. 
Les expositions se multiplient en France ( Salon des Tuileries en 1947, MAD ‘La céramique française et contemporaine’ en 1981-82) et à l’étranger (en 1947 en UK et Allemagne (Baden-baden, Berlin), en 1948 en Egypte (Caire), en 1950 et 1953 en Italie ( Milan, Florence), en 1960 au Japon (Kyoto)). 
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De la sculpture à la décoration intérieure 

En tant que décoratrice, elle réalise en 1944 le parterre de l’église de Saint-Martin à Portail, des bas-reliefs pour le Conservatoire national de musique à Paris en 1949, pour l’architecte Pierre Champart en 1953. Dès 1954, elle collabore avec René Denarcy, puis avec son fils Jacques pour des commandes privées de décor ( fontaine, porte d’entrée, bar, …). 

Récompense et reconnaissance

En 1957, Odette est nommée Chevaliers des Arts et Lettres (catégorie céramique). 
En 1960, avec Maurice Savin (1894-1973), Maurice Gensoli (1892-1972) et Albert Vallet (1923-2015), elle est membre du jury de l’école des Beaux-Arts. Ses pièces sont présentes dans les collections publiques françaises. 

En 1996, Robert Lepeltier quitte ce monde, Odette le rejoint à l’âge de 92 ans en 2006. 
Une œuvre vivante et poétique 

L’œuvre d’Odette Lepeltier s’inscrit dans le courant de la céramique de l’après-guerre, par les thématiques religieuses, la maternité et la famille. Mais l’artiste a su revisiter le thème plus générique de la féminité, en habillant les muses de motifs empruntés à la nature. 
Restant fidèle à son travail d’études, elle a su rompre la répétition des formes en renouvelant avec la couleur les motifs graphiques des vêtements qui habillent ses pièces. 

Concernant la voluptuosité des formes, certains ont parfois tendance à rapprocher le travail d’Odette de celui de Maurice Savin, mais la créativité et la richesse du ‘textile céramique’ de la céramiste sont la différence.  

Quant à l’inspiration pour le textile végétal, il est probable que la source des décors floraux se trouvent dans l’œuvre de son amie peintre Paule Marrot (1902-1987), avec qui elle a exposé, et dont elle a fait le buste et celui de son fils Lo.

Poétique et vivante, l’œuvre d’Odette Lepeltier affirme la forte personnalité de la coloriste, ce qui en fait une grande Dame du renouveau de la céramique d’après-guerre. 

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    • Première et grande rétrospective à la Piscine en 2023

    En 2011, une grande partie du fonds l’atelier Odette Lepeltier est dispersée en vente publique. Une majorité des pièces et des dessins graphiques (69 carnets et 2500 feuilles) ont été acquis par La Piscine (musée d’art et d’industrie André Diligent de Roubaix). Et avec le prêt de 57 céramiques conservées par la famille, la musée a organisé en 2023 la première et grande rétrospective de l’artiste, intitulée Odette Lepeltier, Forme et Couleur.
     
    A l’occasion de cet événement, Blanche Porte, célèbre entreprise d’étoffes depuis 1886 à Tourcoing, rend aussi hommage à l’œuvre de l’artiste, en créant une collection colorée de vêtements et de linge de maison, reprenant les motifs graphiques de tissus imaginés par Odette Lepeltier (Voir Fashion&Céramique).

    Texte © Christine Lavenu ( le 24/03/2023)
    Sources : 
    Exposition Odette Lepeltier , La Piscine 2023, Roubaix
    Catalogue d'exposition Odette Lepeltier, Forme et couleur , La Piscine, Roubaix, janvier 2023
    Site internet Blanche Porte  
    Site internet Loisiramag.fr 
    Staudenmeyer Pierre - La céramique française des années 50, Editions Norma, 2004. 
    La céramique française contemporaines, Sources et courants, Musée des Arts Décoratifs, Paris, 1982
    Michel Faré, La céramique contemporaine - Compagnie des arts photomécaniques, Strasbourg, Paris 1953 
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