Née à Meudon d'un père catalan et d'une mère d'origine arménienne et peintre, Guidette Carbonell
fréquente durant sa jeunesse les ateliers de peintures d'André Lhote, Roger Bissière
et Othon Friesz.
Elle opte pour la céramique qu'elle aborde en autodidacte en 1932, notamment en observant les potiers de Thuir (Pyrénées-Orientales), où elle séjourne régulièrement.
Le céramiste catalan Josep Llorens i Artigas
lui prodigue également moult conseils.
Elle opte d'emblée pour la faïence, matériau qu'elle peut revêtir d'émaux chatoyants, en accord avec son caractère enjoué et sa fantaisie. L'artiste pratique en parallèle toute sa vie le dessin et la peinture.
A seulement 18 ans, première participation à une exposition où elle est remarquée par la critique : le Salon d'Automne de 1928. Elle détonne fortement dans un univers plutôt strict et engoncé, chapeauté à l'époque par Paul Beyer, Emile Decoeur et Jean Mayodon.
Les bas-reliefs, sculptures en ronde-bosse, coupes et autres carreaux décoratifs qu'elle produit jusqu'à la fin des années 40, aidées par les commandes du décorateur Jacques Adnet, sont gras, hauts en couleurs et font appel au monde du rêve, du cirque ou encore de la Bible et la mythologie.
L'oiseau ayant mangé des insectes, (Le pigeon, 1938, réalisé à la Manufacture nationale de Sèvres). Photographie C.Lavenu, Piscine de Roubaix
Remarqué, son travail lui vaut une belle commande de l'Etat à l'occasion de l'Exposition internationale des Arts et Techniques de 1937 : la réalisation de deux fontaines monumentales pour le pavillon de Sèvres et le pavillon de l'Electricité ainsi qu'un décor mural pour le pavillon des Artistes Décorateurs.
En 1949, à Vallauris, elle réalise des pièces chez Madoura
et Cérenne.
Les années 50 :
Installée à Meudon, elle expose son travail dans les belles galeries parisiennes ( l'Arcade, Jeanne Bucher, MAI), continue à coopérer avec Jacques Adnet à la Compagnie des Arts Français, et participe au SAD.
Cette décennie et les deux suivantes la voient également collaborer avec les architectes de la reconstruction. Elle crée de grandes compositions murales faisant appel à la faïence et à la mosaïque ainsi que des sculptures en polyester ou plexiglas qui lui permettent de renouveler et simplifier son vocabulaire en entamant notamment des recherches graphiques autour du nombre d'or et de la spirale logarithmique.
Une pièce, maquette pour une fontaine, est conservée au Musée de Sèvres.
En 1957, elle réalise un projet en faïence d'un poêle de 4 mètres de haut, au Domaine de Reux (Calvados) pour Mme la Baronne A.de Rotschild.
En parallèle à son œuvre architecturale, elle réalise de petites sculptures d'animaux fantastiques en terre chamottée, souvent décorées d'écrous, de vis ou boulons qu'elle appelle 'Idoles', ainsi qu'une série de totem bifaces en ciment émaillé, ses fameuses et tant prisées 'Harpies'.
Ce dernier thème sera développé dans un grand cycle de textiles cousus et collés (patchwork), haut en couleurs, que l'artiste entreprend à partir de 1967 et jusqu'à la fin des années 80.
Come Rémy, Bartoletti Laurence, De Bruignac-La-Hougue, Forest Dominique, Gros Anne, Lacquemant Karine - Création en France, Arts Décoratifs 1945-1965, Gourcuff Gradenigo, 2009.
Staudenmeyer Pierre - La céramique française des années 50, Editions Norma, 2004.
Frédéric Bodet et Karine Lacquemant, Guidette Carbonell, Editions Norma, 2007.
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