Mélanie Minguès
est comme une jeune amazone, osant l’aventure rustre du grès à la Borne. Si elle a apprivoisé les caprices de la cuisson au bois auprès d’Eric Astoul, Lucien Petit
ou encore David Whitehead, sa nature indépendante voire rebelle lui dicte de désapprendre pour être libre dans sa création.
Mais connaissez-vous la Borne l’hiver ? Les arbres ont perdu leurs couleurs, la lumière généreuse cède le pas aux nuages de brume. Les fours ne chuchotent plus. Dans ce silence humide, le village isolé s’endort le temps de la saison froide. Même les anciens soufflent que l’hiver est rude à la Borne.
Pourtant avec ses savoirs ancestraux de potiers, le lieu façonne et oriente le destin de ceux qui y habitent. Vivre au milieu de cette nature sauvage est l’opportunité pour la jeune femme de méditer sur sa relation avec la terre.
Auparavant, Mélanie, née à Toulon en 1981 de parents scientifiques, a étudié l’art et le design à Nice et Paris (de 2003 à 2008). En 2015, c’est dans la chaleur du Sud, à l’école de céramique d’Aubagne, qu’elle se forme au tournage et au décor durant deux années. En 2017, le désir de travailler le grès et de cuire au bois dans les fours Anagama l’amène tout naturellement à la Borne. Elle s’installe dans l’ancien atelier de David Louveau
et y travaille jusqu’en 2018.
Le besoin de se confronter à la sculpture la conduit à la Maison de la céramique de Dieulefit, où en stagiaire, elle travaille l’état de la matière auprès deClaude ChampyetNani Champy-Schott, de Daniel Pontereauet de Jean-François Boulard.
En 2020, elle revient au village de la Borne et poursuit avec détermination ses travaux de recherche tellurique.
L’atelier de Mélanie est un laboratoire d’expérimentation.
Un lieu sauvage, où elle travaille le grès brut ou émaillé sans ménagement : elle étire la terre, elle la déchire, elle la scalpe, la torture, la pousse à l’extrême testant sa capacité à conserver son équilibre, à résister aux chocs, au feu, à "la peur du vide et du trop-plein".
En alchimiste, elle transforme et transcende la matière en un bijou de contemplation. Explorant l’univers minéral, elle décortique l’écorce terrestre. Ses formes sculpturales portent des noms évocateurs : Faille, Fissure, Fragments, Terres gelées ….
Des mots tranchants qui pourraient tout autant évoquer la beauté fragile de l’âme humaine...
Ici, la roche métamorphique est dans tous ses états physiques.
Sous la chaleur du feu, liquide elle ruisselle, vaporeuse elle s’ébouriffe.
Sous l’effet du froid, solide elle se fige, se refermant sur elle-même.
Fragment, Fissure, Faille, tous dégagent la même puissance sauvage, le même sentiment de force et fragilité. Cette dualité renforce l’idée de sacrée d’une âme tectonique, celle du Hasard secret qui fut à l’origine du monde.
L’écriture plastique de Mélanie décrit un monde minéral bâti de rencontres, d’accidents et d’imperfections naturelles de la vie.
A travers ses fenêtres minérales, la jeune femme sculpte les esprits souterrains dialoguant avec l’Ombre
et la Lumière.
Et le mystère émerveille !
Une œuvre tectonique sensible, énergisante, en mouvement, en mutation qui réserve de belles surprises à venir !
Je remercie Mélanie Minguès pour ses accueils sympathiques et le partage des photographies.
Conformément à l’article L122-5 du Code de propriété intellectuelle, la personne qui reproduit, copie ou publie le contenu protégé doit citer l’auteur et sa source.
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