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Carlos Fernandez   (1905- 1969) 


Céramiste et peintre d'Aix en Provence 

Carlos Fernandez est l'un des 10 céramistes aixois des années 50, avec Jo et Jean Amado, Daniel Beaudou, René Ben Lisa, Léonie et Jean BuffileÉmilie Decanis, Georges Jouve, Cecil Michaelis, Frédéric Sourdive et Philippe Sourdive

Carloz Ferandez est né en 1905 en Bulgarie à Plovdiv, sujet autrichien ( l'Autriche-Hongrie a occupé la Bulgarie depuis 1878 jusqu'en 1908).

Issus d'une riche famille juive espagnole de commerçants de l'industrie du tabac, il parle  espagnol en famille, turc ou bulgare avec ses camarades de quartier. 

A l'âge de 10 ans, il est envoyé en Suisse (Lausanne) pour étudier le français, puis il intègre le lycée français de Rome en Italie. 
Ses voyages lui permettent d’apprendre et de parler huit langues. Après avoir suivi les cours des Hautes Etudes commerciales à la faculté de Lausanne, il se spécialise dans les sciences et la gestion. La famille de Carlos quitte la Bulgarie suite à l'arrivée au pouvoir d'Alexandre Tsankov, profasciste et défendeur d'Hitler. Sa sœur part à Rome, son frère à Paris, où il dirige l'industrie familiale du tabac. 
C'est à Paris que Carlos s'installe et et décroche son diplôme d'ingénieur. Il prend la direction d'une usine de fabrique de lampes de voiture. 

Suite au changement politique de l'Espagne qui reconnait alors les juifs chassés du pays par Isabelle la Catholique depuis le XV e siècle, Carlos décide de demander la nationalité espagnole tout en travaillant à Paris. En 1927, il est ainsi espagnol, polyglotte, propriétaire d'une usine. Il rencontre Adèle Galula, jeune infirmière d'une riche famille juif espagnole originaire de Bulgarie, et l'épouse en janvier 1933. Le couple donne naissance à Arthur en 1933 et Michel en 1935. La famille aisée financièrement s'installe en banlieues parisienne. Adèle s'occupe des enfants et prend des cours de dessin.
En 1938, face à la menace grandissante d'une guerre imminente, redoutant un bombardement à Paris, Carlos envoie sa femme et ses fils à Marseille. Sa fille Anita nait le 8 septembre 1939, soit au début de la seconde guerre. Les enfants sont confiés à la famille d'Adèle qui réside à Marseille.

Carlos demande la nationalité française pour s'engager dans la guerre, mais la réponse tarde à venir. En juin 1940, suite à la signature de l'armistice par Pétain, se sentant en danger en tant que juifs espagnols, Carlos et sa femme quittent Paris pour retrouver leurs enfants à Marseille.

Ils achètent une petite maison le Mas Alto dans la campagne aixoise. Face à rudesse de l'hiver 1941 et au rationnement alimentaire, Carlos Fernandez apprend à cultiver la terre, à élever des poules, des chèvres et des lapins : tout ce qui est nécessaire pour nourrir sa famille en cette période de guerre. 
Le Mas d'Alto devient un lieu de passage et de refuge pour les amis et la famille qui fuient la zone occupée. En Aout 1941, c'est la naissance de Pierre, le quatre enfant de Carlos. Suite à la rafle du Vélodrome d'Hiver à Paris par la police française, Carlos et Adèle s'engagent dans la Résistance. Adèle remet sa blouse d'infirmière et travaille pour sauver des personnes enfermées dans le Camp des Milles. Carlos se met à la peinture et expose ses toiles à Aix-en-Provence, Marseille et Nice en 1941 et 1942, tout en s'occupant du Mas, qui sert de terrain de parachutage.

En 1943, la situation est de plus en plus périlleuse pour la famille Fernandez. Carlos ayant obtenu la nationalité espagnole décide en juin 1943 de fuir avec sa famille en Espagne ( qui est alors en pleine guerre civile). A Barcelone, Adèle fait des massages et Carlos peint. La vente de ses toiles permet de subvenir au besoin à la famille.  

A la fin de la guerre en 1945, Adèle et les enfants regagnent en France le Mas Alto. Mais Carlos qui n'a pas la nationalité française est bloqué en Espagne : le gouvernement ibérique lui reproche de ne pas avoir fait son service militaire. Considéré comme déserteur, il est emprisonné pendant trois mois. Ce n'est qu'en automne 1945 qu'il peut rejoindre sa famille au Mas Alto. Il demande par la suite la nationalité française qui lui sera accordée en 1948, suite à sa participation en tant que résistant aux opposants allemands. 

La seconde guerre mondiale a profondément modifié la vie la famille, riche en 1938 à Paris et pauvre en 1945 à Aix.
Comme Vallauris, la ville aixoise est un foyer animé de talentueux céramistes tels que René Ben Lisa, Georges Jouve, les Buffile, ... 

Carlos Fernandez fréquente l'atelier d'Emilie Decanis et se forme à la céramique dans l’atelier-maison de Jo et Jean Amado, situé au cours d’Orbitelle. Jean est aixois de naissance, lui aussi résistant durant la seconde guerre mondiale, mais il devra prendre le maquis dans le Vercors. Comme Carlos, Jean a des parents juifs originaire de l'empire Ottoman. En 1950, Jean quitte l'atelier d'Aix pour en ouvrir un nouvel atelier de céramique proche du Mas d'Alto de Carlos, à 3 km d'Aix. En 1960, Jean abandonne la céramique pour se lancer dans la sculpture. Lui, Carlos et leur famille sont amis.
Carlos Fernandez est l'un des 10 céramistes aixois des années 50, avec Jo et Jean Amado, Daniel Beaudou, René Ben Lisa, Léonie et Jean Buffile, Émilie Decanis, Georges Jouve, Cecil Michaelis, Frédéric Sourdive, et Philippe Sourdive.
En 1950, Carlos crée son propre atelier de céramique au 17 de la rue Jacques de la Roque, à Aix. Situé près de la sortie du Festival internationale de musique (qui a débuté en 1948), l’atelier-boutique attire les amateurs d’art. Tous les étés, la famille Fernandez travaille au festival : Adèle est chef habilleuse et s'occupe des costumes d'opéra, Carlos met à disposition ses talents de traducteur polyglotte.
Un des voisins de Carlos est l'architecte Fernand Pouillon, qui a en charge la reconstruction des Sablettes (Var) détruites pendant la seconde guerre mondiale. Si Philippe Sourdive installe des panneaux aux carreaux multicolores, Carlos fait des plats en céramique incrustés sur la façade de l'hôtel, Jean Amado réalise une fontaine et Louis Arnaud une monumentale naïade. 

Les céramiques de Carlos Fernandez ont du succès, surtout dans les nombreuses expositions de La Chaux le Fonds en Suisse. 

En 1962, Adèle et Carlos quittent le Mas Alto pour s'installer dans l'appartement au dessus de l'atelier de céramique d'Aix. Suite à un accident cardiaque affaiblissant Carlos, le couple s'installe au Rdc. Le poison des émaux et le cœur de plus en plus fragilisé par des crises, Adèle doit arrêter son activités de masseuse et s'occuper de son mari et de l'atelier.

Carlos Fernandez décède le 25 Aout 1969.
Techniquement, Carlos a superposé des couches d'émail et dessine des motifs au pinceau. Il a souvent utilisé la pose d’émail blanc recouvert ensuite d’émaux de couleurs transparentes, donnant ainsi une certaine profondeur à ses décors. Comme la plupart des potiers, il trouvait l'argile auprès du fournisseur Lhospied. Selon sa fille Anita, son père adaptait le prix de ses céramiques à tête du client. 
Carloz fernandez ceramique
Carlos Fernandez

carlos fernandez collection privée
Carlos Fernandez

Texte Christine © Lavenu, créé le 15 avril 2021, maj le 07 mai 2023
Sources : 
Pour le potier, s'adresser au café d'en face : Carlos, un homme du XXe siècle, Editeur Complicités, Anita Fernandez 11/02/2022. 
La revue de la céramique et du verre, n°077 juillet-aout 1994
La revue de la céramique et du verre, n°133 novembre-décembre 2003
La revue de la céramique et du verre, n°138 septembre octobre 2004
Catalogue ‘ 10 céramistes aixois autour des années 50’, exposition, 10 juin-30 septembre 1994, Musée Granet, Aix-en-Provence  
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