Ses voyages lui permettent d’apprendre et de parler huit langues. Après avoir suivi les cours des Hautes Etudes commerciales à la faculté de Lausanne, il se spécialise dans les sciences et la gestion. La famille de Carlos quitte la Bulgarie suite à l'arrivée au pouvoir d'Alexandre Tsankov, profasciste et défendeur d'Hitler. Sa sœur part à Rome, son frère à Paris, où il dirige l'industrie familiale du tabac.
C'est à Paris que Carlos s'installe et et décroche son diplôme d'ingénieur. Il prend la direction d'une usine de fabrique de lampes de voiture.
Suite au changement politique de l'Espagne qui reconnait alors les juifs chassés du pays par Isabelle la Catholique depuis le XV e siècle, Carlos décide de demander la nationalité espagnole tout en travaillant à Paris. En 1927, il est ainsi espagnol, polyglotte, propriétaire d'une usine. Il rencontre Adèle Galula, jeune infirmière d'une riche famille juif espagnole originaire de Bulgarie, et l'épouse en janvier 1933. Le couple donne naissance à Arthur en 1933 et Michel en 1935. La famille aisée financièrement s'installe en banlieues parisienne. Adèle s'occupe des enfants et prend des cours de dessin.
En 1938, face à la menace grandissante d'une guerre imminente, redoutant un bombardement à Paris, Carlos envoie sa femme et ses fils à Marseille. Sa fille Anita nait le 8 septembre 1939, soit au début de la seconde guerre. Les enfants sont confiés à la famille d'Adèle qui réside à Marseille.
Carlos demande la nationalité française pour s'engager dans la guerre, mais la réponse tarde à venir. En juin 1940, suite à la signature de l'armistice par Pétain, se sentant en danger en tant que juifs espagnols, Carlos et sa femme quittent Paris pour retrouver leurs enfants à Marseille.
Ils achètent une petite maison le Mas Alto dans la campagne aixoise. Face à rudesse de l'hiver 1941 et au rationnement alimentaire, Carlos Fernandez apprend à cultiver la terre, à élever des poules, des chèvres et des lapins : tout ce qui est nécessaire pour nourrir sa famille en cette période de guerre.
Le Mas d'Alto devient un lieu de passage et de refuge pour les amis et la famille qui fuient la zone occupée. En Aout 1941, c'est la naissance de Pierre, le quatre enfant de Carlos. Suite à la rafle du Vélodrome d'Hiver à Paris par la police française, Carlos et Adèle s'engagent dans la Résistance. Adèle remet sa blouse d'infirmière et travaille pour sauver des personnes enfermées dans le Camp des Milles. Carlos se met à la peinture et expose ses toiles à Aix-en-Provence, Marseille et Nice en 1941 et 1942, tout en s'occupant du Mas, qui sert de terrain de parachutage.
En 1943, la situation est de plus en plus périlleuse pour la famille Fernandez. Carlos ayant obtenu la nationalité espagnole décide en juin 1943 de fuir avec sa famille en Espagne ( qui est alors en pleine guerre civile). A Barcelone, Adèle fait des massages et Carlos peint. La vente de ses toiles permet de subvenir au besoin à la famille.
A la fin de la guerre en 1945, Adèle et les enfants regagnent en France le Mas Alto. Mais Carlos qui n'a pas la nationalité française est bloqué en Espagne : le gouvernement ibérique lui reproche de ne pas avoir fait son service militaire. Considéré comme déserteur, il est emprisonné pendant trois mois. Ce n'est qu'en automne 1945 qu'il peut rejoindre sa famille au Mas Alto. Il demande par la suite la nationalité française qui lui sera accordée en 1948, suite à sa participation en tant que résistant aux opposants allemands.
La seconde guerre mondiale a profondément modifié la vie la famille, riche en 1938 à Paris et pauvre en 1945 à Aix.