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Jean Amado (1922-1995)


Céramiste sculpteur français du groupe informel des céramistes Aixois.

« Ces temps-ci, Jean Amado s’est mis à sculpter des montagnes. »
Georges Duby (préface du catalogue de l’exposition des Arts Décoratifs )
1990, film de Francis Finidori, de la Ville d'Aix-en-Provence, du Rectorat d'Aix-Marseille, du Centre européen de création et de développement culturel

Au pays de la céramique aixoise  
Né en 1922 à Aix-en-Provence, Jean Amado effectue sa scolarité dans sa ville natale et s’initie à la peinture et à la poterie. Il subsiste en effectuant des travaux de maçon pendant la difficile période de la seconde guerre mondiale. De confession juive, recherché par la gestapo, il participe activement à la résistance locale.
Jo Steenackers, refugiée venue de Belgique, demande à Emilie Decanis de lui enseigner le tournage. 

Emilie l’envoie à Léonie Sautet (future épouse de Jean Buffile), qui l’envoie à son tour chez Jean Amado. C’est ainsi que le couple se forme et se marie en 1947. 
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Le couple Amado travaille d’abord dans la bastide familiale puis dans un atelier et une maison construite après la vente de la bastide. Jean y bâtit deux grands fours.

Avec sa femme, il fait alors partie du groupe informel des céramistes d’Aix en Provence, dont certains formés par Émilie Decanis (voisine de la famille Amado), comme René Ben Lisa, Carlos Fernandez, Léonie et Jean BuffileGeorges Jouve avant son départ pour Paris, les frères Sourdive, Daniel Beaudou postier et céramiste.

L'influence de l'architecture
Au début des années 50, sa rencontre avec l’architecte Fernand Pouillon (1912-1986) ancien condisciple d’Émilie Decanis aux beaux-arts de Marseille est décisive.
L’architecte est un des grands bâtisseurs des années de la reconstruction d’après-guerre et tente de concilier habitat de masse et habitabilité qui passe par l’esthétique, donc par la collaboration avec des artistes, sculpteurs, paysagistes ou céramistes. 
Il passe à Jean Amado une première commande d’encadre de portes pour des immeubles à Marseille. La céramique de Jean devient alors architecturale, comme une fontaine en terre émaillée aux Sablettes (Var) et il abandonne le tour de potier en 1954. 
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Mais l’utilisation de l’argile à ces échelles monumentales pose des difficultés techniques (notamment le séchage, très long et délicat). Il fait alors preuve d’une grande ingéniosité, et travaille en 1954-1956 sur un matériau breveté, le Cérastone ©. Mélange de ciment, de porphyre (puis de basalte) de sable et d’eau, cuit à 1000 degrés, ce matériau lui ouvre les portes d’une sculpture monumentale.
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Cela lui permettra d’obtenir de nombreuses commandes publiques et aussi privées, et de réaliser de nombreux chantiers, à Alger d’abord avec Fernand Pouillon, puis en France métropolitaine, Marseille, Aix en Provence, la région parisienne… 

Bas-reliefs, muraux, totems ou fontaines embellissent les places publiques et les immeubles d’habitation.
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Aux débuts des années 60, son œuvre évolue vers la maturité : « je cherchais à me rapprocher au maximum de la texture profonde du matériau par l’utilisation d’émaux de plus en plus desséchés. Cela devait me conduire à terme, sans que je le sache encore, à la suppression de l’émaillage ».

Jean s’oriente de plus en plus vers des sculptures où les dessins préparatoires jouent un rôle de plus en plus important pour permettre à son imagination poétique d’inventer de grands vaisseaux ou des paysages troglodytes. Ces sculptures prennent une place importante dans sa production, bien qu’il continue son travail classique sur commande.

« Chaque œuvre, après avoir été dessinée et cotée, est constituée par un certain nombre de pièces, chacune fabriquée sur et contre la précédente, ce qui permet un ajustage précis ainsi que des emboîtements assurant la bonne tenue de l’ensemble. Les joints apparents […] sont disposés de telle manière qu’ils servent de lignes de force dans le dessin de la sculpture et apportent une nervosité supplémentaire à l’aspect définitif » (François Mathey)

Les premières minutes du film, Portes ouvertes de l'Atelier Jean Amado 2023, donne à voir l’artiste au travail, du dessin à la sculpture.

Symbiose de la forme et du vide
1963 voit le décès de Jo Amado.

En 1964, c’est la première de ces sculptures « hors commande », le Crâne « qui dénonce puissamment la présence de la mort… Modifiant un rapport à l’espace, s’instaurait un lieu d’équilibre, une dialectique de la forme et du vide. Désormais l’objet prenait naissance sur le vide » .

Il se remarie en 1965 avec Claudie Duhamel et participe la même année à l’exposition Internationale Céramique Contemporaine du Musée Cantini, Marseille. La même année, grâce à Jean Dubuffet, pour qui il joue un rôle de praticien, il rencontre et expose à la galerie Jeanne Bucher, créée en 1925, une des grandes galeries de l’époque. Sous l’influence de Dubuffet, il arrête l’émail en 1971, et dans le même temps il expérimente l’usage d’oxydes pour teinter ses pièces. Désormais la forme et le vide sont prépondérants.

« Il s’agissait pour l’artiste de faire disparaître l’émail, pellicule de surface, au profit d’une unité plus simple définissant la force de l’objet sculpté dans son homogénéité ». (cité dans le catalogue de l’exposition des Arts Décoratifs). L’état achète la Tatoue Démolie en 1970.
Jean Amado arrête de cuire ses pièces en 1974.

Une œuvre exposée à ciel ouvert
En 1985, le musée des Arts Décoratifs lui consacre une exposition rétrospective.

En 1988, la « maman » est installé dans le parc du palais de l’Élysée.

En 1989 : rétrospective au Musée Cantini (Marseille) à l’occasion de l’inauguration du monument à Arthur Rimbaud ‘Le Bateau Ivre’, plage du Prado Marseille

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En 1992, Jean Amado effectue des recherches pour couler des pièces plus petites, en bronze et en série limitée.
Jean Amado décède en 1995, laissant derrière lui une tribu de grandes sculptures aux noms poétiques et mystérieux : le Pousseur, le Sarconaute, le Pétronaute, le Protecteur, le Patrouilleur, le Pétrolier, le Porte-avions des sables, de nombreuses Barques, le Gardien, le Petit Couillu (!), la Mama, les Orgues de Maurice, les 3 Frères, le  petit Guynemer, le Manège, le Chemin de Ronde…
Ses montagnes sont donc aussi bien des présences protectrices de l’humanité en souffrance, ou des abris troglodytes de nos rêves vagabonds ou des vaisseaux d’un âge ancien…

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Jean Amado cherchait constamment, au point de nommer un de ses grands vaisseaux « le doute et la pierre », qui sera aussi le nom de la rétrospective des Arts Décoratifs en 1985.
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Le doute et la pierre, catalogue « the patriarch’realm » (photo J.L. Losi), édité lors de l’exposition consacrée à Jean-François Jaeger, directeur de la galerie Jeanne Bucher et grand défenseur de l’œuvre d’Amado - il organisa notamment une exposition de 40 sculptures en 1979 à Darmstadt.

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Jean Amado sculpteur, Exposition Friche de l'Escalette, 
Galerie 54, juillet-Août 2023, Marseille.

Je remercie Madame Claudie Amado pour la relecture, le complément d'information et le partage des photographies. 

Texte © Pascal Grosjean 25/02/2025
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Sources, pour voir et en savoir plus : 
Entretien avec Claudie Amado le XXXXX
Site internet Jean Amado
Revue de la céramique et du verre numéro 77
Jean Amado Sculpteur, Alain Paire, Jean-Lucien Bonillo, Claudie Amado, Eve Roy, éditions Imbernon, 02 décembre 2022
Catalogue exposition « le doute et la pierre », musée des Arts Décoratifs, 1985 (archives Pascal GROJEAN)
Article « Amado, du doute à la pierre. Le sculpteur est mort à 73 ans » Libération, 18 octobre 1995.
Catalogue de l’exposition « the patriarch’realm », galerie JAEGER-BUCHER, 19/11/2013-25/01/2014

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