Un couple, une style commun 1953-1961
Durant ses études artistiques, Juliette Derel se lie d'amitié avec la jeune étudiante Noëlle Rivier, dont le frère Jean Rivier
est créateur de bijoux. Elle rencontre Jean dans les années 40 (dès 1939 selon les sources) et le retrouve en 1952 lorsque ce dernier, qui est revenue des Antilles, décide de s'installer à Vallauris. En 1953, Juliette et Jean se marie.
La production est dans la continuité du travail de Juliette. Si au début, le style est commun avec un décor abstrait géométrique, au fil du temps, chacun développe son propre langage visuel, toujours dans le registre de l'abstraction graphique, proche de l'esprit surréaliste du peintre Joan Miro.
Parmi les pièces produites, citons de l'utilitaire (pichets, bols, vase, cendrier, assiettes …) et des céramiques décoratives des bijoux (pendentifs ...), des tables, des miroirs, des portes manteaux (pièces en céramiques cubiques fixés sur des tubes métalliques)…Juliette libère la forme des pieds de lampes, les luminaires deviennent des sculptures dissymétriques intégrant de tiges métalliques. Puis, elle sculpte par modelage des séries 'cathédrales', et des 'pierres.'
Le succès est au rendez-vous, ce qui permet l'ouverture d'un magasin au 37 rue Georges Clémenceau. Les commandes pour les magasins et galeries d'expositions, en France et à l'étranger (USA, Canada, Suisse, Angleterre, Belgique, Tunisie …) sont nombreuses. Et les expositions se succèdent.
Dès 1957, la tension s'installe dans le couple qui divorcera en 1959. (Jean était élève stagiaire chez Juliette pendant 3 ans afin d'obtenir son statut d'artisan céramiste, le succès de leur production commune est une des origines des tensions dans le couple).
Le style Derel
Au fil du temps, le décor abstrait s'estompe, les pièces deviennent mono ou bichromes, les lampes ajourées et les jardinières fleurissent.
Juliette Derel aime jouer sur les contrastes esthétiques conjuguant les lignes souples et la rugosité de la terre. Ses couleurs sont chaudes et ensoleillées passant de l'orange au jaune vif, au rouge éclatant jusqu'au rose. L'orange rouge emblématique de Derel est comme le bleu de Théodore Deck, il est la signature de la céramiste, même si l'artiste aime aussi plonger dans les verts d'eau et les jaunes vifs ou pâles.
La pièce est parfois scarifiée de décor asymétrique, géométrique et abstrait, accentuant ainsi la modernité de la forme et du volume.
Dès 1962, pour fuir le Vallauris devenu trop kitsch, 'copieur' et pollué d'intrigues et de jalousies, elle s’installe temporairement ( définitivement en 1964) à Saint Paul de Vence village authentique d'artisans traditionnels, puis en 1987 à Gréolières pour poursuivre ses travaux de recherche.
Juliette Derel décède en 2007.
Une œuvre de caractère
Considérée par ses proches de femme rebelle, généreuse et engagée (gauchiste, en rupture avec sa famille plutôt bourgeoise) , si Juliette Derel "donne forme à son désir", son œuvre est à l'image sa forte originalité et sa grande fantaisie.
Une œuvre diversifiée de céramique, mais aussi de peintures, de collages, de tapisseries et patchworks (citons celui crée avec le peintre Joan Miro).
L’artiste a exposé en France et à l’étranger (Canada, Vénézula, Prague ...).
Juliette Derel décède le 24 juillet 2007 dans un accident de la route.