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Charlotte Poulsen (1950)
Céramiste sculpteur à la Borne.
Née en 1950, à Horsens au Danemark, après un stage de céramique chez Birgit
et Rocca Knüpfer, Charlotte Poulsen
intègre l’école des beaux-arts d’Aarhus (1969-1972).
En 1972, sur les conseils des Knüpfer, elle visite la Borne. Le grès, les fours à bois, l’ambiance et la belle énergie créatrice du village de potiers convainquent la jeune femme pour c’est le lieu idéal pour trouver un stage de céramique, alliant la modernité à la tradition.
Parmi les deux ateliers ouverts aux stagiaires, elle choisit celui de
Pierre Mestre,
qui faisait des sculptures, plutôt que celui de
Pierre Digan
plus orienté sur des pièces utilitaires et avec des horaires de travail très stricts.
Elle poursuit l'aventure céramique chez
Anne Kjærsgaard. De 1975 à 1978, Charlotte se lance en solo et crée un atelier à Achères (Cher), tout près d’Henrichemont. Les deux années suivantes, elle repart au Danemark enseigner la céramique. En 1981, c’est le retour définitif en France : vivre à la Borne et travailler dans ce lieu culte de la céramique étaient et est, pour elle, toujours une évidence.
Pendant trente-cinq années, elle s’implique dans l’organisation d’expositions, de résidences d’artistes et dans la défense et la promotion du métier, en tant que membre, Présidente et Vice-Présidente de CCLB, Centre de Création de Céramique de la Borne.
Figure emblématique de la Borne, Charlotte Poulsen a utilisé la céramique comme médium pour exprimer son attachement à la nature. Exposées en France et à l’étranger, ses pièces sont présentes dans les collections privées et publiques (Sèvres, Musée de la Présidence de la République, etc.).
Les débuts
Charlotte a débuté par une production utilitaire, orientée sur la fonction de l’objet, dans l’esprit de la céramique danoise. Puis, elle a ressenti le besoin de faire évoluer son travail. C’est dans le bestiaire qu’elle trouve la source d’inspiration.
Le bestiaire
Visiter le jardin de Charlotte est une promenade bucolique à la rencontre de ses hôtes animaliers. A l’ombre d’un cerisier, des oiseaux posés au sol parlent aux fleurs. Tout près de l’atelier, un vieux vélo croise une girafe au long cou. Plus loin, un flamand dressé sur un pied veille sur un dromadaire endormi.
En rapport direct avec la nature, l’univers de Charlotte est un théâtre à ciel ouvert, où la poésie danse au bras du bestiaire.
Comme par enchantement, l’Afrique s’invite au jardin aux couleurs de savane : des girafes croisent des antilopes, des zèbres, des tapirs … Reine géante, majestueuse de la brousse sauvage, la girafe est reprise en une sculpture architecturale de 3,6 mètres de haut et pesant une tonne. Dans le Jardin des Oules (Gard), la bête nommée
Victorine
trouve sa légèreté dans la verticalité
'Je voulais que le cou tire le poids vers le haut.'
Pour la danoise, cette nécessité de prendre de la hauteur est en relation aux paysages de son enfance, sans relief, au ciel à l’horizon infini.
Le besoin de verticalité s’exprime alors dans les oiseaux. Des oiseaux, prêts à l’envol pour aller encore plus haut, plus loin, vers d’autres rivages, vers les profondeurs marines. Un virage du ciel à la mer, un retour aux sources pour revoir les larges étendues d’eau du Danemark.
Explorant les fonds marins, Charlotte donne vie et charme à la pieuvre. L’octopode la fascine par l’incroyable dextérité de ses huit tentacules, la capacité de mimétisme de sa peau, ses neufs cerveaux et ses trois cœurs. Les pièces marines sont imprégnées de souplesse, de grâce et des mystères de la nature.
Le hasard des terres mêlées
Charlotte aime travailler avec le hasard.
Elle mélange ou plutôt jette ensemble plusieurs terres, de la porcelaine et des grès plus ou moins chamottés. Les terres s’assemblent au hasard.
Comme une enfant qui regarderait les nuages dessinés une histoire, elle observe les terres mêlées ‘pour voir quelque chose’, un personnage, un oiseau ou autre. A partir de l’idée suggérée par les formes du hasard, elle modèle l’image qui doit sortir de la terre. Ensuite, elle peint la surface avec des engobes colorées et ajoute touche par touche l’émail, avant la cuisson au four à gaz ou bois.

Visite de l'atelier, mi-août 2023

Le bal de l'Odyssée
Dans le jardin de Charlotte règne une atmosphère de folklore médiéval où se mêlent avec mystère les légendes chatelaines et les voyages d'explorateurs marins.
Drapés de grès et porcelaine, parfumés de noblesse, les personnages dansent avec fantaisie sur des stèles outremer.
Ambiance ensorcelante, écho au bal du château de Laze, Lords et Ladys tourbillonnent sur des airs de flamenco. C'est la fête, le retour des navigateurs d'un autre monde. Dansez Hommes-bateau, Tritons et Poséidon.
'Heureux qui comme Ulysse a fait un beau voyage ! '
Visite de l'atelier, mi-août 2024
Javier Bravo de Ruedo est en résidence avec Charlotte Poulsen depuis avril 2024. Ensemble, ils présenteront à l'automne 2024, 'le jardin de Ciro et autres histoires". A ne pas manquer !
Nous remercions Madame Charlotte Poulsen pour ses accueils chaleureux et le partage de photos.
Texte Photos © Christine Lavenu
(publié le 25 août 2022, maj le 18 août 2024)
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Sources, pour voir et en savoir plus :
Entretiens avec Charlotte Poulsen juillet 2022, août 2023,août 2024
Revue de la céramique et du verre, n°136, mai – juin 2004, n°246 septembre - octobre 2022