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Steen Kepp (1949-) 


Céramiste et bâtisseur de four-tunnel dans le triangle France, Japon, Suède.
Né en 1949, Steen Kepp étudie la gravure, la peinture, la lithographie, la gravure au Danemark, puis les Beaux-Arts. 

Après un stage chez Pierre Chave à Vence en 1972, il part à la Borne pour s’initier à la céramique dans l’atelier de Christine Pedleyqui deviendra sa compagne. 

Ensemble, en 1973-1974, ils partent faire un voyage autour du monde. Arrivés au Japon après avoir traversé de nombreux pays en 2CV, ils sont reçus dans l’atelier de Shoji Hamada. Ils séjournent trois mois chez un potier traditionnel Takeo Sudu San, à Mashiko.

Au grès des voyages 
Ils y construisent un four à sel. De retour à la Borne, ils réalisent des pièces inspirées d’une esthétique japonaise. 

Mais, curieux de techniques, Steen reprend la route nippone en 1977. Il rencontre Takashi Nakazato, qui lui enseigne les cuissons Yakishime ( style ‘Tanegashima’). Cette même année, il se rend aussi en Corée pour étudier la poterie Kimji.

Une petite parenthèse pour introduire la cuisson Yakishime
Originaire du Japon de la fin du XIIeme siècle, la technique Yakishime repose sur une cuisson au bois sans vernis (sans glaçure) à des températures supérieures à 1200 degrés pendant plusieurs jours : à cette température, l’argile se solidifie en pierre. L’ajout de cendres (émaillage naturelle) durant la cuisson donne au grès un aspect vitrifié et de subtiles couleurs variant suivant la danse du feu : les cendres volantes incandescentes peignent sur la surface des céramiques des motifs et des textures, rendant ainsi chaque pièce unique. La diversité des couleurs et des textures dépendent de la position de pièces dans le four, de l’intensité du feu, des types de cendres, et de la direction du vent.
Au-delà de l’aspect technique, la pratique du Yakishime relève de la philosophie en évoquant la beauté du simple, de l’éphémère et de l’imparfait mais aussi le dialogue entre l’homme et les quatre éléments fondamentaux l’eau, la terre, le feu et l’air. 
Steen Kepp
steen kepp
De retour à la Borne, en 1978, Steen Kepp construit un four à bois de type teppo-gama (four tunnel en ‘canon-de fusil’ d’une longueur de 5 m) spécifique pour le type de cuisson Yakisshime.  
Nommé Ko-no-Yama (La montagne de l’enfant), son four sera utilisé durant huit années, avec deux adaptations en 1980 et 1985. 

Cette technique de four-couché d’Extrême-Orient consistant à embraser des pièces dans un four est une première à la Borne. D’ailleurs, en 1982, il n’existe que 3 fours de ce type, un au Japon , un second aux USA et le dernier à la Borne. Cette innovation de cuisson sera reprise par la suite avec quelques variantes par les nouveaux jeunes arrivants à la Borne comme Eric Astoul et Hervé Rousseau.
En 1983, Steen repart au Japon dans l’atelier de Shigeyoshi Moriaka, puis en 1984 pour l’exposition à Kobe des pots de la cuisson France-Mushashi. 
En 1985, il reconstruit son four-tunnel de la Borne avec des briques d’argile crue et de paille pour faire une cuisson qui dure 14 jours, qui donnera le sujet du film ‘’Histoire sur le Vent’’ de Gérard Gendrau

Le four sera fermé au cours de l’hiver 85-86, date à laquelle Steen Keep décide de partir vivre en Suède. L’aventure céramique s’enflamme à nouveau en Scandinavie en construisant un nouveau four pour sa production de grès émaillé. 
Dans différents pays, ce passionné de l’art du feu participera à de nombreuses cuissons, citons son passage à la Borne en 2007 et en 2010 pour restaurer son four-tunnel en vue d’une nouvelle expérience Yakisshime. 
Steen Kepp
Dès 1992, il expérimente des cuissons à basses températures et les enfumages, réalisant ainsi ses premières sculptures les ‘Torii’ (porte de l’enceinte sacrée des temples shintoïstes au Japon, genre de totem), des coussins irisés et des coffrets à secrets au manteau métallisant de cuivre et de turquoises. 

 En 1997, Steen Kepp décide de revenir en France à Neuilly-en-Sancerre et d’y rester deux avant de repartir pour la Suède.

En parallèle de ses créations en céramique, l’homme fortement engagé partage son savoir en tant qu’enseignant (Suède) et conférencier (Espagne).

Continuellement exposée depuis 1977, son œuvre mondialement reconnue est entrée dans la collection de musées (dont Sèvres) et des particuliers. 

Voir plus de pièces

Texte © Christine Lavenu, publié 01/09/2024

Sources, pour voir et en savoir plus : 
La Borne, un village et ses alentours, de 1941 à nos jours, mai-juin 2001
Revue de la céramique et du verre numéros 3,6, 27, 86, 110, 176.
Potiers de grès, sceaux et signatures de 1941 à 1985, Denis Goudenhooft, Edition Complément d'objets, 2010

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