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Albert Diato (1927-1985)


Céramiste, peintre, poète et sculpteur 
 "Je serai un Soleil. Un Soleil maudit."  
Né en 1927 à Monaco, après le collège à Nice, Albert Diato entre au lycée de Monaco, où il rencontre Gilbert Portanier

D’une grande sensibilité, passionné de littérature, le jeune homme veut devenir poète. Mais après son baccalauréat en 1945, il s’inscrit temporairement à l’école dentaire de Maisons-Alfort pour satisfaire les exigences de son père autoritaire. 

En parallèle il étudie la philosophie à la Sorbonne (Paris) pour devenir professeur sur les traces de Jean-Paul Sartre.
 Son père lui coupe les vivres, mais Albert reste dans la capitale, ce qui lui permet de rencontrer les peintres de l’école de Paris, des écrivains dont Antonin Artaud et René Charles et le chef d’orchestre Pierre Boulez qui lui présentera la jeune journaliste Francine Del Pierre
Avec Gilbert Portanier, il étudie la peinture à l’académie de la Grande Chaumière. 

Albert écrit des poèmes teintés d’un surréalisme violent. Influencé par le dadaïsme et le surréalisme, en vue d’un projet de revue d’avant-garde, en 1947, Albert Diato se rend à Vallauris pour interviewer Picasso, le célèbre peintre devenu potier. Cette rencontre est une révélation : ‘C’est à cause de lui que je suis devenu céramiste’ dixit A.Diato. 

L’expérience vallaurienne : l’atelier le Tryptique
L’année suivante, Albert part s’installer à Vallauris et crée en 1948 (selon les sources 1949) l’atelier céramique le Tryptique avec sa compagne Francine Del Pierre et son ami Gilbert Portanier. 

Dixit G.Portanier : « Nous sommes tous les trois tombés en amour avec la terre. La terre, quand vous la touchez pour la première fois, vous sentez que c’est quelque chose qui appartient à l’histoire de l’humanité, et nous étions comme des hommes primitifs touchant l’argile pour la première fois avec tout ce que cela représente de sensualité. »  
Non loin de l’atelier de Madoura et de Picasso, l’atelier le Tryptique fonctionne jusqu’en 1950 ( (selon les sources 1951).
Autodidacte, le trio s’inspire des formes simples des céramiques primitives en y ajoutant des décors naïfs. Chacun crée sa propre pièce : Gilbert tourne, Francine modèle ou monte au colombin et Albert modèle la terre rouge de Vallauris.
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Les débuts sont difficiles mais rapidement, leurs céramiques s’émancipent rompant avec le style des potiers traditionnels de Vallauris. Les formes cherchent à se libérer, les décors humoristiques et décalés sont haut en couleurs avec des émaux variés brillants, mats, rugueux.  
La production est présentée aux expositions biannuelles du Nérolium, dans des galeries d’Antibes, de Cannes et au musée de Saint Tropez. 
En 1950, le trio se sépare et Gilbert reste à Vallauris, alors que Albert et Francine regagnent Paris.

Sur la route de l'émail 
De retour à Paris, le couple installe son propre atelier d’abord rue Brancion (XVe) puis rue Albert (XIIIe). Jusqu’en 1952, Albert et Francine participeront à l’exposition du Nérolium. 

Albert invente des céramiques anthropomorphes et zoomorphes. Son imaginaire est peuplé d’animaux antiques voire fantastiques : il modèle des taureaux, des chevaux, des coupes-cheval, des coupes-cavalier, des vases oiseaux…. , puis des femmes. Les couleurs vives du sud ont disparu au profit des bruns, blancs et bleus intenses.

Le succès est rendez-vous : les pièces sont exposées à la galerie MAI (Paris) auprès du mobilier de Pierre Paulin et Charlotte Perriand, et à la Primavera Gallery (Londres en 1952) où le couple rencontre Lucie Rie et Hans Cooper, découvrant ainsi le travail du grès dans leur atelier. De là, Albert se lance dans les recherches sur les émaux en Angleterre pendant plusieurs mois.
En 1954, le couple se sépare. Francine Del Pierre reste dans la capitale et poursuit son travail de céramiste, avec des pièces poétiques, presque japonisantes, au décor discret abstrait ou floral. 

En juillet 1954, Albert Diato épouse Francine Rolland, monégasque comme lui.

Nomade d'atelier en atelier : Italie, Allemagne, Suisse, France, Afghanistan, Togo
En 1956, Albert Diato part deux années à Faenza pour travailler sur les émaux chinois et japonais. Il rencontre les céramistes Carlo Zauli, Louis Fontana, .. Il se lie d’amitié avec le peintre Hélène de Beauvoir ( sœur de Simone de Beauvoir), ce sera une amitié sincère et longue sur plus de 30 ans, chacun se soutenant dans leur travail respectif de peintre.
Durant l’été 1956, en Allemagne, il travaille avec le céramiste Stefan Erdos. Il délaisse alors l’émail dans ses sculptures : 
"Revenir et rester sur un chemin de plus en plus primitif, instinctif et tactile. Pour le moment, plus d’émail, seulement des terres, des gravures. Plus de séduction, seulement la vérité toute nue". 
En 1958, en Italie, il partage un atelier avec Gian Battista Valentini
En 1959, il part à six mois à Genève.
Albert Diato continue d’explorer le bestiaire en céramique avec une puissance presque abstraite, cherchant à le réduire à sa plus simple expression. En parallèle, il dessine et peint.
Albert diato
En 1960, à la demande du Prince Pierre de Monaco, Albert Diato réalise le décor de la Bibliothèque Princesse Caroline. S'ensuit le décor mural en céramique et un plafond en stuc pour la Salle des Délégués à l’Unesco à Paris et plus tard un autre mural pour l’industriel allemand. 
Fin 1959 jusqu’en 1962, il s’installe dans une grande ferme à Fayence pour dessiner, peindre et graver. Ses œuvres graphiques d’abord figuratives post-cubiques, évoluent au fil du temps vers l’abstraction avec parfois l’utilisation de la feuille d’or. L’or rappelle le soleil et la présence du bleu renvoie à ses origines méditerranéennes. Ses œuvres graphiques sont exposées partout avec succès. Pourtant toute sa vie, Albert Diato est miné par des soucis financiers.
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De 1967 à 1971, maitre en matière d’émaux et de cuisson, Albert Diato travaille en Afghanistan en tant qu’expert du bureau international de travail de Genève, pour relancer la poterie d’Istalif. Il composera un grand panneau mural pour l’Ambassade de France à Kaboul, et deux autres pour la villa du roi Zaher Shah à Naghlu. Ce voyage marquera son esprit sensible.
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De retour à Paris, il aménage un nouvel atelier de céramique, cité Véron. Il côtoie de nombreux  artistes dont Jacques Prévert, Jean Cocteau, Jean-Paul Sartre, Simone de Beauvoir, Léo Ferré … Pour cuire ses nouvelles pièces, il se rend chez Pierre Bayle. Les dernières céramiques sont des oiseaux nyctalopes (comme la chouette avec son œuf) et des coupes de fruits aux formes intimes féminines. 
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En 1984, toujours empêtré dans des problèmes financiers, Albert Diato retourne à Monaco dans un petit appartement prêté par sa mère. Il enseigne alors la céramique tout en travaillant sur la décoration de deux projets d’école, qui ne verront pas le jour suite à son décès prématuré en 1985.

albert diato

Une œuvre primée
1958 : Médaille d’argent à la 11 e Triennale de Milan (Italie)
1958 : Médaille de bronze à l’exposition universelle de Bruxelles (Belgique)
1959 : Médaille d’or à l’exposition internationale de la céramique d’Ostende (Belgique)

Une œuvre internationale
Parmi les musées qui collectionnent les œuvres d’Albert Diato, citons le Metropolitan Museum de New York, le Victoria and Albert Museum de Londres, les musées de Faenza, Chicago, Pesaro, Hilversum, Strasbourg, Saint Etienne... et les collections privées Rothschild de Cambridge, de la Fondation Boris-Vian de Paris, du prince Pierre et du prince Rainier de Monaco (avec plus de 72 tableaux) …. 

Citons aussi les deux grands hommages consacrés à son œuvre céramique et picturale : 
- 1986  : Exposition « Omaggio a Diato » à Faenza
- 2013  : Exposition ‘ Albert Diato, céramiste et peintre’ à Monaco. 

Citons aussi le focus sur Albert Diato de l’exposition ‘Artifices instables. Histoires de céramiques.’ 2020-2021 à Monaco.

Pour en savoir plus, consulter la monographie de Marie-Pascale Suhard, 'Albert Diato, céramiste et peintre', éditions Norma, 2013

Texte Christine Lavenu  20/04/2024

Sources, pour voir et en savoir plus : 
Marie-Pascale Suhard, Albert Diato céramiste et peintre, éditions Norma 2013
Staudenmeyer Pierre - La céramique française des années 50, Editions Norma, 2004. 
Come Rémy, Bartoletti Laurence, De Bruignac-La-Hougue, Forest Dominique, Gros Anne, Lacquemant Karine - Création en France, Arts Décoratifs 1945-1965, Gourcuff Gradenigo, 2009.
Wattel Jean-Jacques et Bénédicte - Mission céramique Collection, Editions Louvre victoire, 2013.
La revue de la céramique et du verre, n°192 sept-oct 2013
Monaco Matin,19 février 2020
Monaco Hebdo, 9 juillet 2013
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