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Francine Delpierre (1913-1968)


Grande céramiste des années 50, qui laisse une œuvre poétique intemporelle.

Née à Paris en1913, d’un milieu bourgeois et cultivé, Francine Del Pierre a l’écriture facile et c’est tout naturellement qu’elle devient secrétaire de rédaction. 
Après-guerre, elle aspire à plus de liberté. Elle rencontre par le biais du chef d’orchestre Pierre Boulez, le jeune Albert Diato, sur futur compagnon de vie : Albert étudie la philosophie et la peinture à la Grande Chaumière avec son ami de Gilbert Portanier

Débordants de jeunesse et d’espoir après les horreurs de la guerre, Francine et Albert rêvent d’une vie artistique.  

De l'écriture à la terre
Fin 1946, à l’âge de 33 ans, Francine touche l’argile chez un potier qui réalise des santons : c’est une révélation pour la jeune femme qui décide alors de changer de métier. 
En 1947, Albert Diato se rend à Vallauris pour interviewer Picasso chez Madoura. C’est le coup de cœur ! L’année suivante, Albert et Francine partent s’installer à Vallauris. Ils créent en 1948 (selon les sources 1949) l’atelier céramique le Tryptique (chemin Fournas) avec leur ami Gilbert Portanier.

L'atelier le Tryptique : Francine, Albert et Gilbert
Autodidacte, le trio s’inspire des formes simples des céramiques primitives en y ajoutant des décors naïfs. Les débuts sont difficiles mais prometteurs. 
Le tournage n’est pas adaptée à la petite taille de Francine, qui choisit alors le modelage au colombin. 

Chacun crée sa propre pièce : Gilbert tourne, Francine monte au colombin et Albert modèle la terre rouge de Vallauris. L’absence de four au Tryptique contraint les jeunes à cuire leurs pièces dans les ateliers de leurs voisins vallauriens. Le trio participe aux expositions locales du Nérolium. 

Mais l'aventure du ‘Tryptique’ est de courte durée et se termine en 1950 (selon les sources 1951) : Gilbert reste définitivement à Vallauris alors que Albert et Francine regagnent Paris et installent un atelier rue Brancion. 

Le bref atelier parisien, rue Brancion : Francine et Albert
Dès 1951, les pièces sont exposées à La galerie Mai et à la Primavera Gallery (Londres en 1952, 54 selon les sources ) où le couple rencontre Lucie Rie et Hans Coper, découvrant ainsi le travail du grès dans leur atelier. 

En 1954, le couple se sépare, Albert part en Italie et Francine quitte l’atelier rue Brancion pour un nouvel atelier à Paris dans le 18e arrondissement. 

L'œuvre intemporelle de Francine, une renommée mondiale. 
Entre 1955 et 1959, elle accueille dans son nouveau lieu des élèves, dont Fance Franck dès 1957, Jean Tessier de 1964 à 1967 et ses amis Hans Coper et Michel Cardew.

En 1961, elle déménage son atelier et l’installe rue Bonaparte. Ce lieu devient un centre de rencontre, de partage et de réflexion sur l’art céramique. 
Vers 1954, la rencontre avec Lucie Rie et Bernard Leach donne à Francine Delpierre une nouvelle approche de la céramique. La jeune femme oriente son travail sur l’harmonie de la forme et du décor, qui se veut discret, abstrait ou floral. 
Inspirée par l’Extrême-Orient, son œuvre expressive sera raffinée, poétique voire spirituelle et méditative. Francine Del Pierre évoquera ‘les difficultés de faire de la céramique contemporaine un art rigoureux’.
Francine Del Pierre
Les pièces de Francine Del Pierre sont exposées dans de nombreux musées à l’étranger, citons à Londres (1956), Milan (1957), Bruxelles, Helsinki, New-York (MoMA), Détroit (Museum Art 1958), Faenza (1959, 1960) en 1963 Cologne, Sarrebruck, Montréal (1963)… En juin 1962 au Château de Ratilly, sur l’invitation de Norbert Pierlot, elle participe à l’exposition ‘Le grès d’aujourd’hui, d’ici ou d’ailleurs’, qui est repris par le musée des Arts Décoratifs de Paris sous le nom ‘Les maitres potiers contemporains’. 

Elle expose aussi avec Shoji Hamada et Bernard Leach à Caracas en 1966 et à Hambourg en 1967. 
Son talent est seulement reconnu en France après son décès prématuré à l’âge de 54 ans, avec une exposition personnelle de son œuvre au musée national de Sèvres, de décembre 1968 à février 1969.

L'exposition du musée des Beaux Arts de Caen en 1976, organisée par F.Debaisieux et Fance Franck, a présenté 140 pièces de l'artiste (majoritairement en faïence, certaines en porcelaine ou grès), dont 5 vases, 40 coupes, 30 boites et flacons et 20 panneaux ou carreaux. 

Son travail est présent à l’exposition Céramique Française Contemporaine , sources et courants (1981, musée des Arts Décoratifs de Paris), et en 1990 au musée de Dieppe pour une rétrospective de son œuvre.  
Francine Del Pierre
Francine Del Pierre est considérée par les critiques comme l’une des grandes artistes de son époque.
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Texte © Christine Lavenu (publié le 10/10/2024)
Conformément à l’article L122-5 du Code de propriété intellectuelle, la personne qui reproduit, copie ou publie le contenu protégé doit citer l’auteur et sa source.
Sources, pour voir et en savoir plus : 
  • La revue de la céramique et du verre numéro 29, 1986
  • Catalogue 'Francine Del Pierre 1913-1968 Poteries et dessins', Musée des Beaux-Arts, Caen, 1976
  • Antoine Gournay, Francine Del Pierre. Fance Franck. Dialogue des céramistes, Éditions Norma, 2004
  • Tamara Préaud, Serge Gauthier, La céramique, art du XXe siècle,Editions Vilo Paris,1982
  • Antoinette Faÿ-Hallé, De la faïence au grès, la céramique française de 1955 à 1968, Sèvres, revue de la Société des Amis du musée national de Céramique, 1996
  • Jean-Jacques Wattel, Bénédicte Wattel, «Mission céramique», Éditions Louvre Victoire, Paris, 2013
  • Staudenmeyer Pierre - La céramique française des années 50, Editions Norma, 2004. 
  • Come Rémy, Bartoletti Laurence, De Bruignac-La-Hougue, Forest Dominique, Gros Anne, Lacquemant Karine - Création en France, Arts Décoratifs 1945-1965, Gourcuff Gradenigo, 2009. 1897
  • Exposition ‘Le grès d’aujourd’hui, d’ici ou d’ailleurs’, Château de Ratilly, juin 196
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