Conformément à l’article L122-5 du Code de propriété intellectuelle, la personne qui reproduit, copie ou publie une partie du contenu de ce site doit citer le site internet et l'auteur du texte.
La Grange aux Potiers
René (1910-1963) & Madeleine de Valence
Atelier céramique actif de 1940 à 1993.
Itinéraires : des lieux pour créer
L’atelier ‘La Grange aux Potiers’ a été créé en Isère dans les années 40 par Madeleine et René de Valence.
D’abord installé à Beaurepaire, le couple commence par créer des santons, des pièces religieuses (crèches, bénitiers, croix, vierges …) et des figurines décoratives nommées ‘Demoiselles-Marquises’ dont les droits de reproduction et de fabrication seront cédés en 1952 à l’établissement Masse Frères
de Desvres.
En 1944, dans le village voisin, à Saint Barthélemy, le couple aménage un nouvel atelier en pisé, qui l’année suivante reçoit d’un four électrique.
En 1958, nouveau déménagement, ils s’installent en près de Valence, dans la petite commune rurale de Gervans
(Drôme provençale).
Après le décès accidentel de René en 1963, Madeleine continue l’aventure céramique jusqu’en 1993. L’atelier sera par la suite racheté par un vigneron.
En complément des figurines et flacon, l’atelier produit une céramique utilitaire et décorative pour la table (assiette, plat, saladier, soupière, cruche, bol …). De belle qualité, elle sera aussi luxueuse avec le service de tasses en or craquelé commandé par le chef cuisinier Fernand Point
du gastronomique restaurant de la Pyramide
(Vienne, Isère) dans les années 50.
René et Madeleine de Valence expose au premier festival international de la Céramique de Cannes de juin 1955, auprès des céramistes en pleine ascension comme Pol Chambost
et Jacques Blin. Cette expérience leur permet de découvrir la modernité du travail des leurs confrères parisiens et des céramistes étrangers.
René et Madeleine ont su allier le beau à l'utile en se démarquant de la poterie traditionnelle rurale et en développant leur propre style, un style moderne en phase avec les besoins et les tendances artistiques de leur époque.
Dans l’esprit des années 50-70, le bestiaire (cheval, taureau, bélier, volaille, combat de coqs …), les scènes médiévales et artisanales ornent les pièces utilitaires. Très stylisées et personnelles, les arabesques florales signent l’identité de l’atelier..
Le graphisme toujours soigné est soit peint, soit gravé dans l’émail ou sur la pièce oxydée. D’une manière générale, deux cuissons au four électrique sont nécessaires : la première à 980°C pour le biscuit et la seconde à 960°C pour le décor émaillé ou engobé. Avec le temps, le dessin se simplifie et s’épure mettant ainsi en valeur l’émail ponctué de vert bronze, de bleu vif et de cuivre rouge.
L’utilisation d’une légère poudre d’oxydes métalliques sur l’émail blanc permet de donner cet effet de grande qualité qui rivalise avec l’émail des pièces céramiques des Deux Potiers.
En parallèle de l’art de la table, la Grange aux Potiers réalise aussi des céramiques zoomorphes (têtes de taureau, vase canard, vase éléphant, poisson précolombien, …) et anthropomorphes, des figurines africanistes et des pièces pour la décoration intérieure (vases, miroirs, luminaires, tables basses, tables d’échec, guéridons, fontaines …), en carreaux ou plaques de laves émaillés.
Les expositions
Après 1955 (exposition AIC Cannes), René et Madeleine de Valence exposent en France (souvent à Lyon) et à l’international (1959 Lisbonne Portugal, 1965 Faenza Italie, 1966 Cologne …)
Une équipe fidèle et unie
Parmi, les tourneurs et décorateurs fidèles de l’atelier, qui forment une équipe soudée, André Crova
et Bernard Buffat
( "meilleur ouvrier de France") qui ont contribué à moderniser les formes et les décors céramiques. L’épouse d’André, Catherine Crova
a aidé Madeleine de Valence pour les taches comptables et administratives. Pierre Scheffer
a fait un passage de deux années avant d’ouvrir son propre atelier.
Une œuvre à découvrir
L’exposition ‘La Grange aux Potiers’ de 1970 au musée Denon
à Chalon-sur-Saône donne un aperçu de la grandeur artistique de l’atelier.
Encore trop peu connues du public, la diversité et la modernité de l’œuvre de René et Madeleine de Valence restent encore à découvrir.
Texte © Christine Lavenu publiée 23/10/2023