Céramiste fondateur de l’atelier breton de faïence et de grès Keraluc.
Né en 1897 à Saint-James (Manche), d’un père tailleur de pierre, Victor Lucas
entre en 1915 à l’école nationale de céramique de Sèvres pour devenir d’ingénieur en céramique.
Mais la guerre interrompt son apprentissage et le jeune homme part au front. Blessé et prisonnier en Allemagne, il finit par s’évader et termine ses études après-guerre et est diplômé en 1922.
De 1924 jusqu’en 1940, il entre chez Henriot
à Quimper, et lance la technique de coulage et mécanise la préparation de la pâte.
Puis il travaille en tant que directeur technique de la faïencerie HB
jusqu’à fin 1944.
Keraluc, un atelier artisanal breton
Riche de ses expériences, en 1946, Victor Lucas
crée à Locmaria (près de Quimper) son entreprise sous le nom de Keraluc
(nom breton Ker ar Luc signifiant la maison de Lucas). Toute la famille participe au projet, son fils Pol
l’aide techniquement alors que ses deux filles Marie-Thérèse
et Yvonne
gèrent l’aspect commercial.
Victor s’entoure alors de jeunes peintres décorateurs modernes issus des grandes écoles d’art comme Pierre Toul’hoat
(1923-2014) entré en 1947 et Paul Yvain
(1919-2007) de 1947 jusqu’en 1984, Joseph Le Corre
(1925-1979) de passage de 1948 à 1959, Georges Connan
(1923-2002), René Quéré
(1932-2021) de 1955 à 1960, Xavier Krebs
(1923-2013) et des artistes indépendants comme André L’Helgen
(1935-2017) dès 1953, ou encore Jean-Claude Taburet
(1926-2013), Jean-Claude Courjault
(1940-2022)
Lors du discours de l’inauguration de l’atelier le 24 aout 1946, Victor Lucas explique :
« Nous voulons de Keraluc, un foyer d’art bien vivant, ici pas de pastiche, pas de déjà vus, que nos artistes régionaux puissent s’y exprimer librement, que tous ceux qui œuvrent dans cet atelier soient animés de la même foi, du même amour passionné du beau travail. »
Au départ, l’atelier comptait une dizaine de décorateurs, en 1950, ce sont une quarantaine d'employés qui innovent pour se démarquer des faïenceries quimpéroises (Henriot, HB
et Jules Verlingue).
Keraluc, le style personnel des peintres décorateurs
Keraluc renouvelle avec l’art traditionnel breton d’inspiration parfois celtique et médiéval, allant de l’art de la table, aux plats décoratifs, en passant par des bas-reliefs parfois monumentaux (comme à Quimper, les piliers de la gare et le lycée Brizeux ), sans oublier l’art sacré (citons le chemin de croix de l’hôpital maritime de Brest en 1955).
Chaque artiste apporte sa touche originale, citons en autre la céramique architecturale de Pierre Toul’hoat
(futur époux de la fille Yvonne), l’humour graphique de Paul Yvain
qui signe Brévin,
le bestiaire et le monde floral de Joseph Le Corre, les décors pointillistes de paysage, de marine et de scènes de vie de René Quéré, l’abstraction de Xavier Krebs, influencé pat Hans Hartung, Pierre Tal Coat
et Jean Bazaine.
Keraluc, un affaire de famille jusqu'en 1984
Pol Lucas
succède à son père en 1958, puis fin des années 1970, c’est Antoine Lucas
(le petit fils de Victor) qui reprend l’atelier jusqu’en 1984.
Le succès est en rendez-vous. Dès 1958, les expositions des œuvres des céramistes de Keraluc, organisées par l’atelier sous le nom ‘l’exposition des artistes de Cornouilles’ permettent de présenter et de diffuser la production locale.
Au fil du temps, la concurrence pèse et Keraluc commence à réduire son personnel. La faïence est abonnée fin des années 50 au profit du grès émaillé, qui est la tendance à la mode et donne un nouveau souffle à l’atelier. Fin des années 70, la crise économique sévit, Keraluc réduit progressivement son effectif, et dépose le bilan le 13 juillet 1984.
La société Stylform Arts & Creations tente de relancer l’activité Keraluc avant de disparaitre en 1992. L’atelier est démoli en décembre 1991.
La marque Keraluc appartient depuis aux faïenceries de Quimper HB
et Henriot.
Les pièces sont signées Keraluc, parfois situées à Quimper, et mentionnant sous émail le nom de l’artiste.
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La revue de la céramique et du verre numéro n°128, 105, 97, 95
Staudenmeyer Pierre - La céramique française des années 50, Editions Norma, 2004.
Come Rémy, Bartoletti Laurence, De Bruignac-La-Hougue, Forest Dominique, Gros Anne, Lacquemant Karine - Création en France, Arts Décoratifs 1945-1965, Gourcuff Gradenigo, 2009. 1897
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