gerbino


Jean Gerbino (1876-1966)


Céramiste, maître du nériage.  

D’origine sicilienne, de la province de Messine, né en 1876, Jean (Giovanni) Gerbino s'initie à la poterie dans l'atelier familiale. 

Au décès de son père, il part travailler à Naples dans la fabrique Matsarello. 

La vie d'artisan y est difficile, aussi en 1907, il quitte l'Italie pour tenter l'aventure  en France, à Vallauris, village de potiers qui connait une belle renommée notamment avec les céramiques  d'art de la dynastie des  Massier.
Après avoir travaillé comme tourneur dans cette manufacture, l'homme indépendant et entrepreneur tente de faire fortune dans les colonies françaises : il créé son propre atelier à Alger en 1905, mais plus tard, une inondation détruit sa maison-atelier. Il faut repartir à zéro ...
Plus de quinze années de recherche pour mettre au point le procédé 'Gerbino'
De retour en France en 1912, Jean Gerbino travaille comme tourneur chez les Pichon (Uzès). Il se familiarise à la technique de terres mêlées (le nériage). En 1917 (ou 19 selon les sources), il revient travailler chez les Massier (Vallauris). En parallèle, le soir, en solo et en secret, il fait ses propres recherches pour inventer une technique sophistiquée de nériage en terre mélangées. 

C'est en 1930, après plus de quinze années de persévérance, qu'il met au point son procédé de mosaïque dans les tons de beiges, ocres et bleus : colorées dans la masse par des oxydes, les argiles assemblées à plat forment des dessins. Après séchage, la pièce subit une cuisson, puis elle est recouverte d’un émail incolore avant une nouvelle cuisson.
Ce style africano-mauresque, qui renvoie à l'exotisme colonial, plait au public. Des formes simples et géométriques ornent la production en série d'utilitaires (pots, bols, coupes, vases, cruches, amphores, autant de formes inspirées de l'antiquité gréco-romaine). Au total, 69 modèles de pièces sont référencés.

Le succès est au rendez-vous avec le prix d'honneur au concours Lépine de Paris en 1930 et du grand prix en 1931. 

Ses premières pièces sont signées à l'aide d'un stylet, puis jusqu'en 1992 un cachet avec une signature incursive, puis un cachet en lettres d'imprimerie Mosaïque Gerbino. 

Jean Gerbino décède en 1966, mais son secret de fabrication des mosaïques est transmis à ses descendants qui vont perpétuer la tradition du style Gerbino :  avec son fils Jean Antonin son fils jusqu'en 1944, son gendre Joseph Capra de 1943 à 1953, son autre gendre Edouard Alziary de 1957 à 1974, et enfin Yvan Koenig, gendre de E.Alziary qui prend la fabrique de 1975 à fin 2003. 
En 2005,  Muriel Koenig (la fille d'Yvan Koenig, née en 1970) ouvre son atelier à Vallauris et poursuit la tradition familiale du nériage en renouvelant les formes et les décors.

En 2007-2008, la ville de Vallauris rend hommage à l'œuvre de Jean Gerbino  en présentant plus de 300 pièces.
Texte © Christine Lavenu (publiée 26/09/2024)
Sources, pour voir et en savoir plus : 
Marques et signatures de la céramique d'art de la côte d'azur - Jean Claude Martin.
Le revue de la céramique et du verre, numéros 13, 80,83
Share by: