Charles est tenté par l’aventure du grès, qui est en vogue dans les années 60. L’élan pour cette matière provient des pays nordiques dont le design scandinave a séduit par son esthétique fonctionnelle couplée à la terre. Cette tendance est un phénomène international à la mode, qui est célébré en France par deux grandes expositions, celle de 1962 ‘Maitres potiers contemporains’ au musée des Arts Décoratifs de Paris, et celle de 1963 ‘Grès contemporain en France’ au musée national de la céramique de Sèvres.
Et le retour au grès est profitable pour les villages de potiers au grès comme Saint-Amand-en-Puisaye, la Borne et Ratilly. C’est probablement l’une de ces raisons qui incite Charles, âgé de 35 ans, a quitté les pinceaux pour travailler la terre.
En 1968, il crée la poterie des Moreaux. Audacieux, le jeune homme modernise les formes du grès traditionnel créant des pièces de vaisselle aux lignes élégantes et fonctionnelles, comme des pièces carrés qui s’emboitent les unes dans les autres. L’émail léger (brun ou gris) laisse apparaitre les grains noirs et les effets de la cuisson bois, et cela donne au service de table toute la noblesse de la terre.
Le rendez-vous est au succès, et le carnet de commandes se remplit via sa présence au 38e Salon des Ateliers d’Art (SAA, 1969, porte de Versailles).
Le succès attire de jeunes céramistes, qui viennent se former dans son atelier. Citons en 1968 Jean-Michel Doix, en 1971 la jeune Brigitte Pénicaud
juste âgée de 17 ans dont le rêve est de devenir tourneur. Plus tard, elle dira que ‘Charles Gaudry était un bon professeur et un excellent potier.’
Citons aussi Michel Dumont
qui en 1975 entre à la poterie des Moreaux sur la demande d’aide de Charles Gaudry affaibli par la maladie.