borderie



André Borderie (1923-1998) 


André Borderie : peintre, sculpteur, céramiste et cartonnier de tapisserie français. 

Pierre Székely (1923-2001) : peintre, graveur et sculpteur hongrois.
Vera Székely (1919-1995): nageuse, graphiste, céramiste, sculptrice hongroise.

André, Véra et Pierre
Né à Beautiran (Gironde) dans une famille athée, André Borderie débute sa carrière en 1942 aux P.T.T comme inspecteur adjoint aux télécommunications. A peine âgé de 16 ans, la découverte d’un dessin de Paul Klee est une révélation pour le jeune homme, qui rêve alors de s'aventurer dans le monde artistique. 

En 1946, sur les conseils de l’affichiste Paul Collin, il commence à peindre. En 1948, André se convertit au catholicisme. Cette même année, il s’installe avec le couple hongrois Pierre et Véra (Veronika Harsanyi) Székely, qu'il avait rencontré lors d’un voyage professionnel des PTT à Vienne (Autriche). 

A Budapest, Paul et Véra ont reçu la formation artistique (graphisme) de Hanna Dallos. Véra est aussi une sportive de haut niveau, elle avait participé aux jeux olympiques de Berlin de 1936 dans la catégorie natation. 

De retour en France, le trio fonde un atelier artistique à Bures-sur-Yvette. Ensemble, ils créent des peintures, des céramiques et des meubles.
Ils interviennent aussi comme architecte et décorateur. En 1954, ils participent avec Agnès Verda à la restauration intérieure de l’église Saint-Nicolas de Fossé. De 1953 à 1956, ils construisent une maison organique, ‘biologique et cellulaire’ au nom de Bateau-Ivre, et en 1957 la piscine à Saint Marcellin (Isère). 
Les pièces de l’atelier céramique sont cosignées et portent la signature BSZ jusqu’en 1955, ensuite chaque pièce est signée individuellement. La date de 1955 correspond aussi à leur déménagement de Bures-sur-Yvette à Marcoussis et à son mariage avec Maria Gautier.  
  • borderie szekeli

  • Une œuvre commune jusqu'en 1957
    Les premières céramiques conservent l’aspect folklore slave et le caractère sacré. Rapidement, le style évolue vers le décentrement et le dépouillement. Dans la lignée de Miro, les décors abstraits, surréalistes et graphiques sont en gravés en engobe. A la fin des années 50, la palette d'émaux s’étende des bleus, rouges et oranges puis beiges et noirs. A partir de 1953, la galerie M.A.I expose leurs créations.

    En 1957, les couples se séparent et prennent chacun leur propre chemin.

    André Borderie, en solo
    André et Maria Borderie s’installent à Senlis dans un ancien presbytère. En solo, André affirme son style. Exécutées en terre chamottée, les formes évoluent en simplification surfant sur des courbes souples et douces. La longue amitié avec le galeriste Philippe Jousse permet de mettre en lumière ce travail moderne : les pièces blanches ou noires sont décorées de triangles, de carrés, de cercles rappelant l’héritage de Klee.
    Aux vases, aux coupes (croissant de Lune) et aux boites s’ajoutent des luminaires (Têtes à Lumières) et des tables basses. 
    Dès 1955, sensible à la sculpture, André est adhérant au groupe Espace, fondé par l’architecte sculpteur André Bloc, qui promeut l’art en milieu urbain.  En collaboration avec des architectes et le plasticien André Aleth Masson, il réalise des sculptures comme des fontaines, des bas-reliefs en acier, en béton en terre cuite émaillée et du mobilier urbain.  Parmi les chantiers architecturaux, citons en 1967 le mur de la faculté de médecine de Grenoble, en 1969 le Mur Vivant de la maison de l’ORTF. 
    En parallèle, André Borderie se consacre à la peinture qu’il expose chez Colette Allendy en 1955.  
    andre borderie tapisserie
    La peinture le conduit à la tapisserie.

    A la fin des années 50, il participe au renouveau de la tapisserie, lancé après-guerre par Jean Lurçat. Il crée plus de quatre cents cinquante cartons dans son atelier de Senlis, dont la moitié est tissée par l'atelier Camille Legoueix d'Aubusson. Proche de l’abstraction lyrique, son travail est centré sur la lumière, et les couleurs flamboyantes dont sa favorite le rouge-orangé. 
    Dixit : « Pendant des années j’ai été sensible au jaune à l’orange et au rouge, ... aux couleurs chaudes. J’aime ce qui est chaud et sec. »
    andre borderie tapisserie
    Les œuvres sont présentées par la galerie La Demeure. Elles portent les deux signatures la sienne et celle du lissier, car pour André ‘la tapisserie est une œuvre à deux’ : le lissier s’approprie le carton, il l’interprète : son touché donne à la pièce un rendu tendre ou dure. 

    En 1963 André Borderie reçoit le grand prix de la Tapisserie française avec ‘Rue de la Paix’, pièce tissée aux Gobelins, dont le carton est acquis par le Mobilier National.

    André Borderie s’éteint le 10 octobre 1998 à Senlis.
    En 1998, le Musée d’Angers rend hommage à l'artiste et son travail à travers une rétrospective intitulée ‘Pour l’homme simplement.’

    En 2018, la Manufacture Royale Saint Jean d’Aubusson célèbre les vingt ans de sa disparition en présentant ses tapisseries recensées dans l’ouvrage André Borderie et la Tapisserie d’Aubusson.

    Texte © Christine Lavenu (publié en 2022, maj le 24/08/2024)
    Conformément à l’article L122-5 du Code de propriété intellectuelle, la personne qui reproduit, copie ou publie le contenu protégé doit citer l’auteur et sa source.

    Sources, pour voir et en savoir plus : 
    Wattel Jean-Jacques et Bénédicte - Mission céramique Collection, Editions Louvre victoire, 2013. 
    Staudenmeyer Pierre - La céramique française des années 50, Editions Norma, 2004. 
    Come Rémy, Bartoletti Laurence, De Bruignac-La-Hougue, Forest Dominique, Gros Anne, Lacquemant Karine - Création en France, Arts Décoratifs 1945-1965, Gourcuff Gradenigo, 2009.
    La revue de la céramique et du verre n°134, 132, 119, 61
    Share by: