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Nicole (1937-2012)
& Michel (1935-2020) Anasse
Céramistes et peintre & sculpteur français.
Complice dans la vie et la créativité, Nicole
et Michel Anasse
travaillaient la céramique à quatre mains depuis 1956.
Esprits libres, artistes dans l’âme, leurs parcours autodidactes témoignent de leur exigence et leur passion pour la terre, le fer, le bronze, la pierre, le bois.
Reconnue en France et l’international, l’œuvre est libre de tout mouvement artistique. L’humour de coqs et des chouettes de Nicole fait écho au vocabulaire sculptural et fantasmagorique de Michel.
Né à Ménilmontant (Paris) en 1937, Michel Anasse
est formé au dessin et à la lithographie par son père Maurice. Il aime toucher la matière, que ce soit la pierre, le fer, le bois ou la terre.
Au début des années 50, lors d’un stage de marbrier, il découvre le modelage de la terre, puis il s’initie à la sculpture sur métal et la soudure chez le sculpteur grec Philolaos. En quête de découverte et de rencontres, Michel visite les villages de potiers de Sancerre, La Borne, Gordes et Vallauris.
En 1953, à Vallauris, il apprend le tournage auprès de
Robert Auguste
dans l’atelier du Grand Chêne.
L’année suivante, à la Borne, il se lie d’amitié avec
Yves Mohy,
Jean Linard,
Anne Kjærsgaard.
Avec Robert Héraud, il construit un premier four à bois à Sancerre.
En 1955,
Jean Lurçat
lui fait découvrir le renouveau de la tapisserie. Cette même année, à peine âgée de 18 ans,
Nicole Guy
quitte la Bresse et se rend dans la capitale pour se former au secrétariat médical. Elle y rencontre le jeune Michel, âgé de 20 ans. C’est le coup de cœur, les yeux pleins d’espoir en l'avenir et de liberté de retour du second séjour de Michel à Vallauris.
Changement de cap, en route pour l’aventure artistique !
En vespa, direction la cité vallaurienne où le célèbre peintre Picasso
est devenu potier !
En 1956, le couple se marie et s’installe dans un cabanon spartiate sur les collines sauvages entre Cannes et Vallauris.
Nicole est temporairement décoratrice chez les
Argonautes
et
Jean Rivier
pendant que Michel construit lui-même le four à bois. Ils fabriquent tout eux même : leur meuble et leur vaisselle !
La maison devient l’atelier
‘les Issarts’, avec une production de céramique tournée et émaillée en grès.
Une céramique à quatre mains
:
Autodidactes, iIs n’ont pas besoin de désapprendre un quelconque enseignement pour trouver leur propre style. Sans préjugé, la création est libre de contrainte. Instinctivement, ils conjuguent la forme et l’émail avec un soucis constant d’équilibre du volume. Artistes dans l’âme, leur vocabulaire est teinté d’humour.
Comme leurs voisins et amis
Jean Derval,
François Raty,
Gilbert Portanier,
Jean-Claude Malarmey,
Roger Collet, le couple est partisan de la pièce unique.
Une œuvre reconnue à l'international :
Michel, qui a obtenu le
Prix Malraux
des jeunes artistes à la Biennale de Paris en 1965, se consacre progressivement à une œuvre en métal.
Ses sculptures zoomorphes sont de plus en plus grandes et les modelages de Nicole de plus en plus importants.
Le succès est au rendez-vous : les expositions collectives et personnelles se multiplient en France, en Europe, aux Etats-Unis et au Japon.
La maison-atelier devient un lieu de partage d’expériences et de savoir pour de nombreux stagiaires français et étrangers.

Pour la défense de la céramique d’art
:
Comme les céramistes de renom tel que
Roger Capron,
Alexandre Kostanda
et
Marcel Giraud, Michel est investi dans la vie locale pour promouvoir et défendre la céramique.
En 1961, il participe à l’exposition ‘L’enterrement de la pièce unique’
à Vallauris pour notifier le folklore des céramiques, dont le slogan dénonce le comportement des consommateurs : ‘La poterie d’art se meurt, la pièce unique est morte.’
En 1964, avec Jean Derval, Gilbert Portanier
et Jean-Claude van Lith,
il fabrique une ‘Machine en Terre’, canular contre les productions pour touristes de Vallauris.
En 1966, il est l’un des créateurs du Concours National de céramiques d’art, qui deviendra la Biennale Internationale de céramique de Vallauris, dont il sera en 1968 le commissaire.
Plus tard en 1983, il sera membre de l’association du Quartz
de Vallauris, qui se définit comme un lieu de rencontre, un lieu de remise en cause et un lieu de création pour le Renouveau de Vallauris.
En route pour l’aventure monumentale
:
Au début des années 70, victime de son succès touristique, le paysage de la Côte d’Azur est transformé par la succession de nouveaux programmes immobiliers, ce qui déplait au couple Anasse. C’est aussi à cette époque que Michel envisage des projets de sculptures monumentales. Il est temps de ‘tailler la zone’ pour trouver un autre lieu pour travailler et de faire une pause dans le rythme des expositions !
C’est dans la Vallée de l’Ubaye des Alpes de Haute Provence, que la famille établit une seconde maison atelier à la Frâche en 1973. Il s’y installe définitivement en 1987.
En 1995, Nicole et Michel déménagent pour le village de Saint-Paul d’Ubaye. A chaque nouveau lieu, Michel construit un four à bois pour les céramiques de sa femme.
En parallèle de sa peinture sur toile de grand format, il réalise de nombreuses sculptures monumentales alternant la pierre, le bois, le fer. Il sculpte aussi des petites pièces tenant dans la main comme la série des ‘Bibliothèque de l’autodidacte’.
Retour à la terre :
A la suite de décès de Nicole en 2012, durant plus d’une année, Michel exécute une série de sculptures nommées 'Retour à la terre' et de modelages en terre. Il décide de se rapprocher de ses enfants à Avignon en 2016.
Jusqu’à la fin de sa vie, il dessine et sculpte le bois sur le thème récurrent des Rythmiques. Durant plusieurs décennies, s’intéressant à la musique électro acoustique et au jazz, il a donné naissances aux ‘Volumes éclatés’ et aux ‘Rythmiques’ en fer, en terre, en bronze, en fonte d’aluminium ou en bois. Il fragmentait les volumes en recherchant l’accord parfait dans l’équilibre de la construction. C’est l’agrégation fragmentaire qui amène le rythme.
En 1991, le bois est l’occasion aussi de sculpter des jouets géants en mélèze ou chêne pour ses petits enfants et de les offrir à quelques collectivités et écoles. Suivront aussi des séries comme les Segments en mélèze ou les Telluriques en frêne et noyer.

Découvrez l’œuvre complète du couple en consultant le
site Nicole et Michel Anasse.
Je remercie Gaël et Sylvestre Anasse pour la relecture et le partage des photographies.
© Texte Christine Lavenu
( publié le15/04/2021, maj le 21/05/2024)
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Sources pour voir et en savoir plus :
La revue de la céramique et du verre, n°19
La revue de la céramique et du verre, n°29
La revue de la céramique et du verre, n°081
La revue de la céramique et du verre, n°100
La revue de la céramique et du verre, n°139