De formation scientifique, Dominique Stutz
est intriguée par l’originalité et la fantaisie du vivant. Pour exprimer sa fascination pour les micro-organismes, elle a choisi en 2009 d’utiliser la terre comme médium.
Dans son atelier de céramique à Roderen
(Alsace), elle sculpte, avec un extrême soucis du détail, la beauté de la vie primitive.
L’océan, un terrain de chasse
Rencontrer l’univers céramique de Dominique Stutz
est bien plus qu’un plongeon dans le Monde du Silence de Cousteau
!
C’est remonter le temps jusqu’au fin fond des origines de la vie, il y a déjà plus 2,4 milliards d’années, à la rencontre des cyanobactéries. Traversant la vague du Cambien, Dominique traque les ébauches de créatures aquatiques et botaniques. Sa Calypso surfe sur les planches du biologiste Ernst Haeckel
et sur les coques du photographe Rob Kesseler.
Et au pays de merveilles, l’océan est un fabuleux buffet sans fin de formes disposées à survivre. C’est aussi un puits de couleurs infinies miroitant dans des eaux coralliennes peu profondes.
Les créatures primaires de Dominique invitent le regard à s’y perdre.
Foisonnant de paradoxes sur l’évolution, elles renvoient à la complexité du vivant. Au nom évocateur de Unicellular, Multipode, Probionte, Biovortex, Paramecia, Granulation, Morula, Ontogenia, Germination, … ces organismes surprenants font partie du patrimoine secret de la vie.
"Mes propositions sculpturales sont des entités hybrides de tous les mondes du vivant : animal, végétal, on peut même parfois reconnaître des parties de l'anatomie humaine... des propositions de nouvelles formes de vie qui survivront à notre Anthropocène."
"Mes dernières pièces sont inspirées du travail de la directrice de recherche du CNRS de Toulouse Audrey Dussutour
sur le Blob... une vraie fascination. Un organisme unicellulaire, à plusieurs noyaux, sans cerveau et capable d'apprendre ! Une vraie leçon d'humilité pour nous les humains , non ? " dixit Dominique.
Tournée, modelée ou montée à la plaque, la sculptrice recherche d’abord une forme inspirée dans la documentation scientifique avant d’apposer les couleurs qui soutiendront la morphologie : "La recherche d’émaux fait partie intégrante de ma pratique céramique. Elle s’inscrit dans une volonté de reproduire le vivant avec d’autres processus que ceux de la nature. Elle explore une zone où s’entremêlent inerte et organique."
Par ce double regard artistique et scientifique, Dominique ne cesse d’expérimenter l’épiderme jouant sur la dualité du vivant et du minéral. Elle explore les contrastes de textures et de couleurs : une carapace épaisse marie aussi bien le craquelé que le rugueux et le lisse tout combinant le mat et le brillant. Et une membrane fine vibre d’un réseau veineux en circulation, donnant mouvement au corps mou.
Le langage de Dominique est ancré dans la matière. Il (r)éveille les sens les plus primitifs : par la texture c'est le toucher et par la couleur, le goût et la vue.
La vie à fleur de peau est phagocytée, encapsulée, en gestation ou en éclosion !
Un hymne à la vie comme un gage d’un espoir
Véritable hymne à la vie, l’œuvre de Dominique résonne d’une musique célébrant la beauté de la Nature, dans ce qu’elle y a de plus inattendu, mystérieuse voire sacrée ! Elle rend hommage à l’instinct sans faille pour survivre et perpétuer l’espèce.
Narrative, chaque créature est un puzzle de l’histoire des vies primitives, de leur errance d’un passé disparu ou oublié vers un présent inconnu.
Certaines se sont perdues en route, incapables de s’adapter à leur environnement. D’autres, à l’état végétatif de spore, attendent un meilleur jour.
Et, les plus chanceuses ont franchi les frontières du temps, mettant tout en œuvre pour se reproduire. Ces battantes, opportunistes d’une erreur génétique favorable à une mutation adaptative, pourront temporairement résister à leur environnement, voire conquérir un nouveau territoire.
Ainsi va le mouvement inattendu de la vie ! Le cycle de la vie !
En perpétuelle évolution, l'œuvre de Dominique Stutz suit son propre cycle et réserve de belles découvertes à venir.
Mais au-delà de sa passion pour l'organique, l'artiste alerte-t-elle sur la fragilité de la vie en milieu aquatique ? Dénonce-t-elle les ravages de la pollution des océans et la nécessité de préserver les poumons à oxygène de la Planète Bleue ?
Métaphores à la résilience, si les ’bestioles’ de Dominique revendiquent une sensibilisation à la nature en danger, elles sont aussi un gage d’espoir pour les espèces qui sauront déployer des talents créatifs d’adaptativité et de coopérativité.
Expositions et prix
Dominique Stutz expose en France et à l’internationale. En 2017, elle est récompensée du prixSolargil, et duprix de la Terre au Bronze.
En parallèle de ses recherches, depuis 2016, elle participe à des interventions pour transmettre son savoir.
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