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Léa Renard (1993-)


Céramiste plasticienne à Mirabel-et-Blacons (Drôme)  
lea renard ceramiste

Née en 1993 à Niort, après un master en sociologie, Léa Renard pratique en parallèle la terre pendant une dizaine d'année, d'abord dans un petit atelier strasbourgeois et lors de différentes missions de travail en Allemagne. Durant deux ans, elle intervient comme guide et animatrice 'terre' dans le musée de céramique de Düsseldorf. Cette expérience et la rencontre avec Rose Marie Dohmen lui donnent envie de devenir céramiste. 
En 2018, Léa se lance dans l’aventure de la création plastique en se formant au tournage à CNIFOP, puis à la Maison de la céramique à Dieulefit : " c'est vraiment le passage à la Maison de la céramique qui a été par la suite, déterminant et est venu construire ma démarche artistique et le travail que je propose aujourd'hui. Ce sont presque deux années de formation, d'expérimentations, avec une grande liberté et légèreté. Cela m'a ouvert sur le champ de la sculpture et je n'ai plus lâché cette direction qui m'épanouie aujourd'hui pleinement !"

Son atelier est installé en Drôme provençale, dans le village de Mirabel et Balcon. 

Adepte des formes biomorphiques, son travail de réflexion, plutôt abstrait, est basé sur le dialogue des contradictions au sein d’une même pièce ou d’un ensemble de pièces. Elle façonne le grès pour affirmer la dualité et l’interdépendance des couleurs et des textures : "Donner l’impression du mou, du léger, du douillet, lorsque l’objet est en fait inanimé, lourd et dur. Provoquer le dodu, le charnel, en questionnant les proportions, les creux et les bosses, la couleur et sa matité ou au contraire sa brillance." 
lea renard
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Une bouffée d'oxygène
Dans la série ‘Globules rouges’ (grès monté au colombin, engobes vitrifiés, 1280°C), les céramiques font écho à la vie qui grouille par accroissement cellulaire.
lea renard ceramique
En juin 2024, dans le jardin de Malrigou, Léa a mis en scène un monde merveilleux de globules au pied d’un châtaignier. A l’ombre du bois, le soleil illumine les racines exubérantes du vieil arbre. Endormies sur les mousses, les gouttes hémoglobine se délectent du nectar chlorophylle de la jungle. Ici, le mystère invite à la flânerie et la rêverie.
L’originalité de l’installation, qui fait partie prenante de la démarche artistique de Léa, repose en partie sur la complémentarité de couleur (rouge-vert, passion-espoir), de position (verticalité des arbres - planéité des globules), de matières (bois, mousse, terre), et de taille (arbre géant - cellule microscopique). 
L’oxygène produit par photosynthèse et véhiculé par les hématies donne au lieu une puissance vitale presque surnaturelle, qui renforce le sentiment ou l’illusion de partager quelque chose d’intime avec le cœur de la forêt.
Dans cette bouffée d’air pur, presque solennelle, Léa Renard réveille les cinq sens qui nous relie à la vie.

Recette hypervitaminée
Si les formes organiques du vivant sont un sujet de réflexion pour l’ex-sociologue, Léa aime travailler de petites céramiques abstraites : "Ces pièces ont émergé dans un travail d'échelle, de pièce pour la main, de grigris. Je les ai accumulées avec le temps et elles sont aujourd'hui pour moi un tableau d'expérimentation. Elles représentent mon terrain de jeu, d'exploration, là où je trouve dans la céramique ce retour à l'enfance, à la naïveté du faire et la spontanéité du geste."

"J'aime cette idée que l'abstrait puisse être source de plein d'évocation, de fantasmes et d'images. Je ne crée jamais en cherchant le figuratif, et pourtant chacun.e y voit toujours quelque chose de bien concret dans sa tête et ses sens."
lea renard ceramique
En présentant une série de pièces miniatures aussi gourmandes que colorées, Léa affectionne-t-elle un goût prononcé pour les sucreries, si douces au monde de l’enfance ? Dans un Eldorado Haribo, elle semble préparer un cocktail de mignardises au saveur 'Tagadas', 'Happy Life', 'Rainbow', 'Dragibus' … 
lea renard ceramique
Alignées les unes à côtés des autres, la mise en scène évoque peut-être une vitrine de pâtisserie où des macarons vitaminés rivaliseraient, aux yeux du consommateur, avec des religieuses à la crème fouettée ou des charlottes gélatineuses.
C’est cette profusion de couleurs aux teintes acidulées et pastelles, qui vient titiller les yeux et les  papilles gustatives. 
Iron donuts, Blue-Velvet, … il y en a pour tous les goûts ! 
 Miniatures Léa Renard © photo L.Renard
lea renard
lea renard ceramique
Léa s’amuse des oppositions de texture et de couleur : surface rugueuse ou lisse, figée ou coulante, matte ou brillante, ceci pour créer un choc visuel dans l’intention de susciter le toucher et/ou  le goûter. 
A l’heure où la nourriture industrielle a changé le visage de la gastronomie, les sculptures miniatures de Léa nous interroge-t-elle sur le lien de l’attraction de la couleur sur le désir du consommateur ? 
lea renard
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Aucune inquiétude à avoir quant à la valeur nutritionnelle des petites sucreries abstraites et appétissantes de Léa Renard. 
Elles sont digestes, légères et raffinées ! A consommer sans modération. 

Léa Renard expose son travail depuis 2021 dans des galeries françaises et des festivals céramique. Elle propose aussi des stages de tournages et modelages dans son atelier à Mirabel et Blacons.

Je remercie Léa Renard pour son sympathique entretien et pour le partage des photographies.

Texte © Christine Lavenu 01/08/2024, photographies © Christine Lavenu 

Sources, pour voir et en savoir plus : 
Entretien avec Léa Renard au jardin de Malrigou, juin 2024

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