Monnin-Eliane


Eliane Monnin (1976-)


Céramiste plasticienne à La Bastide Clairence (Pyrénées-Atlantiques)
eliane monnin ceramiste

De la peinture à la céramique
Née en 1976 à Morteau (Doubs), Eliane Monnin étudie les arts appliqués au Lycée Pasteur de Besançon. Diplômée en 1998 d’une licence en arts plastiques et arts appliqués (Strasbourg), elle quitte la région franc-comtoise pour s’installer à Bayonne en 2002, puis en 2020 dans le village La Bastide Clairence (Pyrénées-Altlantiques). Pendant une quinzaine d’année, elle peint.
En 2006, elle découvre la terre et se prend d’une véritable passion pour ‘ce médium mou’. Après une formation en céramique en 2007 à l’école d’art de Bayonne, elle décide de quitter les pinceaux pour appréhender et apprivoiser la terre sauvage et capricieuse;
 "J’ai dû apprendre à l’écouter, avoir de la patience et comprendre pourquoi elle allait ou non se modifier. La conception d’une pièce est un travail qui se mène à deux, entre le créateur et sa matière". 

Eliane Monnin travaille essentiellement par modelage, utilisant une faïence chamottée et une faïence fine, associées à des émaux et des engobes. Les grosses pièces sont montées au colombin et celles plus petites et organiques ont pour base une demi-sphère moulée. 
Elles sont cuites dans un four cylindrique entre 1000 et 1100 degrés. 
eliane monnin

Algorithme d’une terre invraisemblable
En parallèle de l’élément architectural comme la maison (séries Maison Etxea, Prendre racine) et l’usine (Fabrika), Eliane Monnin sculpte avec fantaisie des créatures primitives. 
Sans chercher à imiter la réalité du monde biologique, elle imagine des formes de vie primaire, hybrides mi-animales et mi-végétales. Son intérêt pour la nature est lié au cabinet de curiosité de son père spéléologue. Attirée par les choses rares et singulières, par l’objet naturel mais étrange, elle utilise la terre pour construire, selon sa mythologie personnelle, son propre cabinet ‘artificialia’.

La répétition et la régularité des motifs renvoient à une mathématisation poétique du vivant.
eliane monnin
Se détachant du naturalisme qui peint la réalité en s’appuyant sur un travail minutieux de documentation, la céramiste développe son propre algorithme pour modeler des morphologies aussi belles que vraies, mais qui n’existent pas dans la nature. Elle donne à l’épiderme des contrastes de texture (lisse, rugueuse), de relief (plat, urticant..) et de couleur (mate, brillante, scintillante …), rendant ainsi la sculpture attirante à l’œil et repoussante au touché. 
Eliane Monnin
Au-delà d’une référence aux éléments marins et aux coraux, son approche globale se veut évoquer la vie primitive : ‘Ce sont des objets qui rappellent quelque chose de la nature, …on connait, on a déjà vu mais on ne sait pas trop … J’aime jouer sur le côté un peu étrange, hybride. Ce ne sont jamais des représentations fidèles d’une nature.’ 
Dans son travail instinctif, ‘les formes viennent assez naturellement, les unes après les autres’. Ainsi, émergent des séries de pièces uniques, regroupant des familles reconnaissables par leur morphogénèse et leur chromatophore. 

Un cabinet poétique
Au nom évocateur Arbol, Double face, Lagon, Au fond, Variable Invariable, Rosae …, Eliane Monnin construit un univers foisonnant, en éclosion ou germination, où trône le merveilleux. Comme par enchantement, elle nous plonge dans une bulle suspendue hors du temps, pour écouter chanter ses bestioles enracinées sur un mur, comme on écouterait la mer d’un coquillage mis à l’oreille.
Avec une délicatesse artistique et une imagination subtile, elle sait nous connecter à cette joie que rien d’autre ne remplace : l’émerveillement !

Transmission, un temps de recherche, un temps de partage.
L’atelier d’Eliane Monnin est situé à la Grange Darrieux (La Bastide Clairence), un lieu partagé avec la luthière en guitare Xabina Larralde et le créateur de mobilier Johan Praud.
Dans la lignée de son travail sur la forme organique, elle partage son expérience lors d’ateliers de recherche (stage) autour du motif et des matières. 
Impliquée dans sa commune, labellisée en 2024 ‘Ville et métiers d’art’, en tant que présidente de l’association Arkua, Eliane Monnin est engagée dans la défense et la promotion des savoir-faire des artisans créateurs.

Ci-contre, vidéo réalisée par TV Entre 2 Mers, pour le 36ème festival de la céramique de Sadirac en 2023. 


Eliane Monnin signature

Je remercie Eliane Monnin pour son échange et pour le partage des photographies.
Texte © Christine Lavenu 09/07/2024, Photographies © Christine Lavenu 

Sources, pour voir et en savoir plus : 
Revue des Ateliers d’Art, numéro 169, avril-mai 2024
Philippe Chambost, Pascal Marziano, Arnaus Serpollet, Edition Les livres de l'ilot, 70 ans d'expression céramique française, 2020.
Les Céramophiles, 10 ans de collections, 2013-2023, Club des collectionneurs de céramique

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