monchausee



 Claude Gaget (1948)

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Claudine Monchaussé (1936)  

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Duo de céramistes sculpteurs à la Borne.


Claude Gaget (1948)

Claude Gaget poursuit des études scientifiques à Paris, mais son intérêt pour la poterie le pousse à rencontrer en mars 1973 Pierre Mestre et a travaillé la terre dans son atelier.

Installé à la Borne depuis cette date, en parallèle à une production utilitaire, Claude modèle des séries dans un style bien personnel, qui évolue avec le temps, constituant ainsi des époques. Parmi les thèmes sculptés, citons les doigts et les mains, les arbres, les tireurs de langue, les portraits et autoportraits, le labyrinthe, les chaises, des scènes de vie …. 

Sa production modelée est recouverte d’engobes et la cuisson est réalisée dans un four à bois. 
Son œuvre est teintée d’humour et de poésie.

 Depuis 1974, il partage sa vie avec Claudine Monchaussé. 
claude gaget La Borne
Claude Gaget
Claude Gaget céramique La Borne

Claudine Monchaussé (1936)  

Claudine Monchaussé est née en 1936 dans le même village que Jean Tessier à Villenauxe la Grande dans l’Aube. 

En 1952, à l’âge de 16 ans, elle quitte la région pour terminer ses études à Paris. Elle travaille dans les magasins du Printemps comme dactylographe.

L'aventure de la Terre

La curiosité naturelle de Claudine pour l’art l’amène à visiter les galeries de la Rive Gauche et les expositions parisiennes notamment sur la céramique. Sa rencontre avec le céramiste Pierre Mestre lui permet de se rapprocher de l’art et du grès moderne et sculptural de la Borne. 
Son appétence pour la terre la conduit à découvrir ce village de potiers. Le coup de cœur est irréversible ! 

« En 1959, me voilà à la Borne : dès le premier tournant franchi, j’ai su que ce village secret, silencieux, était le mien. »
Cette année-là, elle décide de suivre son compagnon Pierre Mestre et de s’installer dans ce bourg. Sa maison sera la seule et unique demeure de sa vie. Malgré la rudesse des hivers, ce lieu de la culture potière est en écho avec son âme. Tout en observant le travail artistique des jeunes récemment installés au village et celui des anciens, elle débute en céramique en aidant Pierre. 

Autour de la vie : maternité et fertilité 

Dès 1960, elle commence à travailler en solo sa propre terre. 

Indépendante d’esprit, dans cet environnement qui l’enchante, elle trouve dès le début sa propre voie et son propre style dans la sculpture. Déjà très intimes et originales, ses premières pièces modelées en argile sont de petite taille. L'abstraction cède rapidement le pas à la figuration inspirée par la maternité liée à la naissance des trois enfants de Claudine. 

Telles des petites déesse mères, ses statuettes symbolisent la Terre nourricière, celle qui enfante, celle donne vie. Sa première exposition en 1964 présente la féminité de sa terre fertile. 
claudine monchaussee
A la fin des années 60, ses sculptures grandissent en taille, avec une maitrise exigeante des formes plus en plus abstraites. 
Dès 1975, le cylindre devient la base de sa construction mentale, autour duquel gravitent et évoluent d’autres formes géométriques. L’équilibre est assuré par la symétrie axiale du pied cylindrique. 
Cette période correspond aussi à sa rencontre avec son nouveau compagnon Claude Gaget installé à la Borne en 1973.

Avec la cuisson au bois des deux nouveaux fours qu’ils ont construits (1974 et 1989 chacun possédant un alandier (partie où l’on fourre le bois)), les sculptures sont gorgées de l’empreinte du feu et cendres. L’aspect minéral de la terre brute donne une intemporalité aux pièces.

Claudine travaille continuellement et inlassablement les formes architecturées telle une quête spirituelle. 
Sur son chemin, le Taureau prend place. Dans le jardin de la dame Nature, l’âme masculine de la bête sème son grain de fertilité. Puissant protecteur, il est tel un gardien veillant sur les statuettes féminines. Claudine aime cet animal : « Ce que j’aime chez le taureau, c’est qu’il est le signe de la fertilité. C’est l’humanité … » 


La sculpture comme une écriture

Les sculptures de Claudine Monchaussé dégagent une puissance statique, une force qui attire le regard et pénètre notre intimité. Le lien entre l’objet et l’observateur se crée. 
Ce lien n’est pas le fruit du hasard. C’est le travail de toute une vie de recherche pour communiquer au moyen de la terre : « Mes pièces sont utiles aussi, elles accompagnent la vie et relient les gens entre eux. »
Pour décrire son travail, elle explique : 

 « C’est difficile, je ne suis pas écrivain : mon écriture, c’est la terre et tous les deux mois j’écris avec les lettres de feu. Quelquefois ça parle, alors c’est merveilleux. De toute façon dans la solitude de la terre et de l’atelier, les formes qui montent et se démontent m’amènent toujours plus près des gens, alors c’est l’essentiel.» dixit Claudine Monchaussé.
claudine monchaussée
L’œuvre de Claudine Monchaussé a été présentée dans de nombreuses expositions personnelles et collectives. Elle est présente dans les collections privées et publiques, en France et à l’étranger.

Le Musée de Sèvres a acquis en 2005 quelques pièces suite à l’exposition ‘Cinquante ans de la céramique française’. Plus récent, la Besson gallery de Londres et l’Officine Saffi Ceramic arts à Milan ont présenté son œuvre. 

Exposition 'Le sacré et l'intime, avril novembre 2023, au musée de la Borne.
Les deux pièces ci-dessous de Claudine Monchaussé évoquent par leur forme l'art sacré. Dans la chapelle Saint Jean-Baptiste, ces totems religieux suggèrent la puissance du feu sur la terre et la présence des forces d'un autre monde.
Claudine Monchaussé, musée de la Borne 2023
Claudine Monchaussé, musée de la Borne 2023

Texte © Christine Lavenu (19/08/2021, maj 19/08/2023)
Sources, pour voir et en savoir plus : 
Exposition Le sacré et l'intime, musée de la Borne, avril-novembre 2023
Exposition Anniversaire 50 ans de l'association Céramique La Borne, été 2021
Les pionniers de la céramique moderne La Borne, Edition Ville de Bourges, Musées, 2018
Potiers d’aujourd’hui au pays de la Borne, Robert Chaton, Henri Talbot, Edition Delayance La Charité 1980
Potiers de grès, sceaux et signatures de 1941 à 1985, Denis Goudenhooft, Edition Complément d'objets, 2010
La revue de la céramique et du verre, n°68, jan-fev 1993.
La revue de la céramique et du verre, n°118, mai-juin 2001.
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