lurcat


Jean Lurçat  (1892 - 1966)


Peintre-cartonnier & céramiste français.

Célébré dans le monde entier, Jean Lurçat est considéré comme le fondateur du renouveau de la tapisserie au XXe siècle. Influencée par le surréalisme, une œuvre engagée est symbolique et humaniste. 

Né en 1892 dans les Vosges, après une année d’étude en médecine à Nancy, Jean Lurçat choisit de s’orienter dans les arts graphiques. Il entre dans l’atelier du peintre Victor Prouvé (1858-1943), devenu directeur de l’Ecole de Nancy suite au décès d’Emile Gallé (1846-1906). Il y apprend la peinture et la technique des fresques murales. 
A partir de 1912, il gagne Paris et poursuit sa formation artistique à l’académie Colarossi (Grande Chaumière) et dans l’atelier du graveur Bernard Naudin (1876-1946). 
Dans la capitale effervescente d’intellectuels et d’artistes, il découvre les maitres peintres, Henri Matisse, Auguste Renoir, Paul Cézanne en autres et les sculpteurs comme Antoine Bourdel
Son réseau (poètes, écrivains, marchands d’art et galeristes) s’étoffe rapidement. Ce qui lui permet en 1913 de participer à la fondation de la revue littéraire ‘Les feuilles de mai’ (1912-1914), qui abordait les thèmes ‘art, poésie, mouvement social’.

jean picard le doux
Jean Lurcat

Découvrir le monde s’impose pour ce jeune homme avide de connaissances, mais ce désir est interrompu par la première guerre mondiale. 
Engagé, rapidement malade et évacué en 2015, puis blessé en été 1916, la guerre gravera des cicatrices dans sa mémoire. Dès la paix revenue en 1918, il reprend la route pour l’Europe, l’Afrique du Nord et l’Asie Mineure. 

Les voyages qu’il fera toute au long de sa vie dans les quatre continents contribueront à enrichir son imaginaire et son réseau professionnel.
Jean Lurcat

Jean Lurcat
Jean dessine et peint des portraits et des paysages qui sont exposés à Paris, Bruxelles, Anvers et Vienne. 

Son talent reconnu il crée des costumes et des décors pour le théâtre et réalise en 1921 ceux du film « Vertige » de Marcel l’Herbier

Fin 1924, à 33 ans, Jean Lurçat se marie avec la brodeuse Marthe Hennebert, dont le divorce sera prononcé six plus tard. 

L’intérêt de Jean Lurçat pour la tapisserie date de 1917. C’est sa mère qui exécutera les premiers canevas d’après les croquis de son fils. N’ayant pas la notoriété, ni les moyens financiers de s’adresser aux manufactures d’état ou privées, les premières commandes de tapisserie de Jean sont exécutées par son épouse, Marthe, qui a notamment brodé ‘Les hommes bleus’, une pièce de 3m x 3m. 

Le grand succès de la tapisserie et des projets de tapis est au rendez-vous en France et à l’international. Citons par exemple, en 1928, la création de quatre tapisseries pour le financier David David-Weill
La rencontre de Jean Lurçat avec la galeriste Jeanne Bucher (1925-1946) lui permet d’élargir son réseau et de côtoyer Pablo Picasso, André Derain, Georges Braque, …. Ainsi, il exposera ses œuvres tissées aux Etats-Unis et en URSS auprès des grands peintres de l’époque. Sa notoriété grandissant, les manufactures de tapisserie d’Aubusson commencent à réaliser ses créations graphiques.

C’est en 1939 que Jean Lurçat décide avec Marcel Gromaire (1892-1971) et Pierre Dubreuil (1891-1970) de redonner à vie à la tapisserie en mettant au point une technique de carton moderne numéroté et en réduisant les coloris. Chaque numéro correspond à une couleur de référence, information indispensable les lissiers. 

En 1940, il rencontre Jean Picard Le Doux (1902-1982) et en 1947 Marc Saint-Saëns (1903-1979), le trio veut défendre et promouvoir la tapisserie moderne de lisse en France et à l'internationale. Sous l'impulsion de Denise Majorel qui dirige la galerie parisienne La Demeure, ensemble, ils créent l'association des peintres-cartonniers de tapisserie (APCT). Dès 1950 jusqu'à sa fermeture, La Demeure va commercialiser les tapisseries d'Aubusson de l'APCT. Jean Lurçat a su convaincre d'autres artistes de créer des cartons à Aubusson. 
Parmi les peintres cartonniers, citons Vincent Guignebert, Robert Henry, Jacques Lagrange, Jean Picart Le Doux, Marc Saint-Saens, Robert Vogensky, qui sont présents au vernissage le 25 novembre 1947 de la Galerie France, sous la présidence de Monsieur Georges Salles, Directeur des Musées de France. 

Homme engagé et résistant durant la seconde guerre mondiale dans le Lot, à la sortie de la guerre en 1945, Jean Lurçat achète le château de Saint-Laurent-les-Tours de Saint-Céret, dans le Lot. Dans ce lieu privilégié au calme, il poursuit ses travaux graphiques jusqu’à la fin de sa vie en 1966. Sa compagne de résistante et seconde épouse Simone Svelves (1915-2009) depuis 1956 est à ses côtés. Par la suite, elle fera don du château à l’Etat, qui aujourd’hui abrite le musée de Jean et Simone Lurçat.  

Témoin des abominations des deux guerres mondiales, l’œuvre de Jean Lurçat adresse un message de paix. Réplique moderne de l’Apocalypse d'Angers (qui est la plus grande tapisserie de monde tissée au XVe siècle par Nicolas Bataille (1340-1405), sa tapisserie emblématique « le Chant du Monde » retrace en dix scènes, le combat du Bien contre le Mal. Plus de dix années de travail ont été nécessaire pour réaliser cette pièce exceptionnelle de 80 mètres de long sur 4,40 m de haut. 

« Le premier titre de ce Chant du Monde c'était La Joie de vivre. Je n'ai pas tardé à me convaincre que la vie, pour qui tente de vivre droit, c'est chose sucrée et salée, douce et amère, convulsive et sereine. » Jean Lurçat
jean lurcat le chant du monde

Avec une imagination foisonnante, Jean Lurçat met en scène des plantes volubiles, un bestiaire fabuleux et les éléments du cosmos (soleil, étoile, eau, feu, air …). 

Ses animaux préférés sont le coq, le papillon, les fauves ou encore les insectes. Il Et dans les tapisseries, il aime aussi mettre des morceaux de poèmes. 
Tout en dénonçant les atrocités crées par l’homme comme les camps de concentrations nazis ou la  l’arme bombe Hiroshima, l’artiste humaniste tente avec poésie de peindre la beauté de nature, pour  réconcilier l’homme avec son environnement, tout en l’interrogeant sur sa place dans l’univers. 

Cette thématique intemporelle est toujours d’actualité, faisant écho aux évènements du XXIe siècle, ceux de 2022 déchirant les peuples de l'Est.   

Si la renommée de Jean Lurçat est liée la tapisserie, il ne faut pas oublier que cet homme curieux a gouté à différents médiums, comme le tissu, le papier peint, le verre (vitrail) ou encore la céramique.  
Jean Lurcat
A partir de 1961, Jean Lurçat se rend deux fois par an à l’atelier céramique Sant Vicens, fondé par les frères Bauby, près de Perpignan. 
Jusqu’à son décès, il y créera des décors et des formes qui seront réalisés par Gumersind Gomila et le tourneur Eugène Fabrègas

Par la suite, Jean Picart Le Doux reprendra le flambeau des créations céramiques pour l’atelier.
Jean Lurcat
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