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Solange Garotte (1950-1987)


Céramiste française à la Borne.

Dans la lignée des pionnières de La Borne comme Jacqueline Lerat, Elisabeth Joulia, Monique Lacroix, Claudine Monchaussé, Anne Kjaersgaard, Solange Garotte fait partie de ces femmes qui se sont imposées dans l’expression de la céramique moderne d’après-guerre.
 
Elles ont toutes contribué au renouveau du grès de la Borne.

Née en 1950 à Angers, Solange Garotte étudie l’histoire de l’Art à Tours et poursuit l’enseignement céramique du couple Lerat à l’Ecole nationale des Beaux-Arts de Bourges. 

En 1973, elle s’installe près de la Borne, à Neuvy les deux Clochers, avec son compagnon Bernard Prigent (1947). Bernard était stagiaire chez Pierre Mestre en 1978, avant de poursuivre sa formation à l’école des métiers d’art.

Le couple travaille la porcelaine de coulage pendant plus de quinze ans en mélangeant les techniques. En 1982, Solange et Bernard expliquent à la Revue de la Céramique et du Verre comment les pièces coulées peuvent être déformées et habillées de modelages.
En parallèle à une production artisanale, ils collaborent aussi avec l’industrie. 
Après Pierre Lèbe, Yves Mohy, René Berthoux et comme François Guéneau ou Jacques Buchholtz, le couple participe à l’aventure de la manufacture de Virebent

Installée dans le département du Lot, la fabrique de porcelaine Virebent perpétue l’art de la céramique depuis 1924. Son créateur Henri Virebent produit des boutons de porte, des bouchons de bouteille, des isolants et composants pour l’industrie électrique. Avec l’arrivée du plastique, la manufacture amorce un virage et s’oriente vers la décoration et l’art de la table. Elle fait appel aux grands artistes céramiques pour lancer une ligne de produits artistiques. 
solange garotte bernard prigent virebant
Bernard et Solange créent une dizaine de modèles de vase pour Virebent en proposant un décor de paysages montagneux sur fond nuageux.

Solange Garotte travaille aussi le grès et la cuisson au feu de bois. Elle utilise des plaques en grès brut en jouant de superpositions, d’étirements pour donner naissance à des structures géométriques, au sommet parfois ébouriffé. 


  • En parallèle de son activité de céramiste, Solange Garotte est engagée pour défendre et promouvoir le métier dans sa région. Elle fait partie des 10 membres actifs avec John Bailey, Barbara Delfosse, Bernard Thimonnier, Nadia Pasquer, Claire Berger, Yves Marie Dumotier, Lucien Petit, Bernard Prigent et Emmanuel Buchet
    Disparue brutalement en l’hiver 1987, âgée à peine de 37 ans, elle laisse une œuvre émouvante et intemporelle qui résonne avec le monde minéral. 

    Galets, falaises, pyramides, masques, octaèdres … peuplent sa ‘Terre’, en attachant une attention particulière à l’harmonie entre le volume, la texture et les couleurs utilisées.   

    Les formes minérales de Solange soulignent le mélange de force et de fragilité qu’offre la nature sous l’effet du temps. L’érosion sur la pierre se fait tantôt avec douceur tantôt avec brutalité. Selon la dualité du temps qui polit ou qui brise, les mains de Solange modèlent des galets arrondis ou des falaises aux arêtes déchirées. 
    L'opposition de la solidité du caillou face à la précarité du sommet des falaises ? 

    solange garotte

    Si la patine du temps repose sur ses pyramides, l’artiste a parfois introduit sur un pan de pente, une ouverture comme un cratère ouvert laissant s’échapper le vide intérieur. 

    Dans un autre registre, Solange sculpte la mémoire du passage d’un vent furieux mêlé à la terre. De cette union éclosent des ‘roses de sables en grès bleu’, fruit d’un passé archéologique. 

    Le monde minéral de Solange n’est pas inerte ou immobile, au contraire il est sans cesse en mouvement, il est vivant à l’image de la nature et de la Terre. 

    A travers son œuvre de pierre, cette dame au regard bleu et clair, toujours à l’écoute de l'environnement nous invite à la modestie et à dépasser la tendance anthropocentrique. 

    En 1987, le musée Vassil Ivanoff a rendu hommage à Solange Garotte et aux céramistes femmes de la Borne, avec l’exposition ‘Les pionnières de La Borne’. En 2016, la galerie Prisme présentait son travail. 
    signature solange garotte

    Texte © Christine Lavenu (05/02/2021, maj 09/08/2022)
    Sources
    Variations Virebent, Alain Bardin Bénédicte Wattel, Editions Louvre Victoire 2014.
    La revue de la céramique et du verre, n°6, septembre octobre 1982.
    La revue de la céramique et du verre, n°11, juillet aout 1983.
    La revue de la céramique et du verre, n°27, mars avril 1986
    La revue de la céramique et du verre, n°31, novembre décembre 1986
    La revue de la céramique et du verre, n°33, mars avril 1987
    La revue de la céramique et du verre, n°118, mai juin avril 2001
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