A Bordeaux, il débute sa carrière à la faïencerie
Jules Vieillard
et y rencontre son épouse
Marie Tallerie, qui lui donne deux fils Albert et Adolphe qui seront ses principaux collaborateurs.
Le céramiste travaille pour différentes faïenceries Ashwin
(Valentine), Fouquet
(Toulouse), François Blanc (Monaco), Léon Sazerat
(Limoges).
En 1889, désireux de prendre son interdépendance, il part en région parisienne et s’installe son atelier à Bourg la Reine. Il collabore avec le sculpteur Alphonse Voisin-Delacroix.
Ensemble ils exploitent le bestiaire proche du néo-gothisme et des modèles de Palissy.
A la mort de Voisin-Delacroix en 1893, il s’associe financièrement avec Adèle Lebros.
Son style change abandonnant les sculptures pour revenir à des formes de vases plus simples et classiques, inspirés du japonisme. Si l’art japonais a fait son entrée en 1867 à l’exposition universel en France, c’est en 1878 à l’exposition universelle, avec les pièces de cérémonies du thé en grès que l’engouement du japonisme frappe. Cette matière conforte le choix de Dalpayrat pour créer des pièces aux formes végétales et animales.
Le céramiste cherche à diversifier sa production en collaborant avec les joailliers Ernest Cardeilhac
et Keller
pour créer des pièces montées en bronze doré.
Dans un même objectif financier, il décide d’ouvrir une autre faïencerie pour produire des modèles plus simples et bon marché semblables à ceux de Nevers et Rouen. Mais cette entreprise connait des difficultés financières et ferme en 1900. La petite entreprise familiale doit aussi fermer ses portes en 1906, le style Art Nouveau n’étant plus vraiment à la mode.
Adrien Dalpayrat retourne dans sa vie natale Limoges pour peindre et dessiner. Il décède en 1910.
Paradoxalement aux difficultés financières, l’œuvre du céramiste connait un succès dans les salons et expositions en France et à l’étranger (Londres, Turin, Bruxelles, Berlin, …) : médaille de bronze exposition Chicago 1893 – médaille de Bronze Académie contemporaine de Paris 1983 – médaille d’argent Exposition Anvers (Belgique) 1894 - médaille d’or à l’Exposition Universelle Internationale de Paris en 1900.
De tous les céramistes de la seconde moitié du XIXe siècle qui ont cherché à reproduire le rouge mythique des Chinois, dit sang-de-bœuf,
c’est Adrien Dalpayrat qui a su apprivoiser et percer les mystères du cuivre. Il a restitué la couleur en la transformant en matière par le jeu de son épaisseur. La palette des colorations du rouge sang, flammées ou non, résulte de la quantité de l’oxyde de cuivre combiné à une cuisson à température, à atmosphère et durée maîtrisés.
L’œuvre du céramiste s’inscrit dans le mouvement de l’Art Nouveau avec des vases aux formes simples ou mouvementées, des pièces presque sculpturales comme les vases à tête d’enfant ou des femmes dénudées, vases aux baigneuses. Ses pièces en grès flammés rouge Dalpayat
ont fait sa renommée internationale. Le céramiste a su s’affranchir du rouge monochrome de Chine, en ajoutant à cette couleur des jaspures ou taches turquoise, bleues, vertes ou jaunes.
Il a appliqué ses techniques du grès flammé et du fameux rouge de cuivre dans le domaine de la céramique architecturale comme par exemple la cheminée monumentale haute de 3 mètres, réalisée avec son associé Adèle Lesbros, visible au Musée d’Orsay.
L'oeuvre d'Adrian Dalpayrat continue d'entrer dans les collections des musées.
En 2020, le Petit Palais a acquis un grand vase à l'oiseau du céramiste en collaboration avec le sculpteur Voisin-Delacroix (pièce visible en salle 21 au rez de chaussée du musée parisien). Avec
Carriès,
Chaplet
et
Delaherche, il est l'un des plus importants céramistes de l'époque 1900.
Cette même année, le musée national
Adrien Dubouché, en collaboration avec la Cité de la céramique, organise l'exposition 'Formes vivantes' et présente une œuvre de la brève collaboration de Adrian Dalpayrat avec Alphonse Voisin-Delacroix
(1857-1983) : un vase pichet zoomorphe viscérale tripode aux pattes animales et au corps veiné de couleur sang boeuf.
Texte © Christine Lavenu (09/11/2019, maj 15/01/2024)
Sources, pour voir et en savoir plus :
Adrien Dalpayrat, céramique française de l’art nouveau, Horst Makus, Helen Bieri, André Dalpayrat, Jean Girel, Madeleine Strobel, Arnoldsche, Art Publishers
La revue de la céramique et du verre, n°100 mai juin 1998
La revue de la céramique et du verre, n°32 janvier février 1987
La revue de la céramique et du verre janvier février 2020, numéro 230